Métachronique

Métachronique

lundi 9 janvier 2012

JE VAIS SPOILER


Une vie meilleure commençait bien : des dialogues engagés, la dégringolade d’un espoir, d’une entreprise, deux innocents incompris, un endettement progressif comme une descente aux enfers. Une vie meilleure était un bon drame de société, actuel, vif. Et puis la morale s’est perdue dans les bois.

J’aurais pu écrire ma déception, de voir que le personnage joué par Guillaume Canet baisse les bras, retourne sa veste alors que dans la première moitié du film il porte haut des valeurs de détermination, de courage, d’irrévérence et d’audace. Guigui, devenu papa, grondait l’enfant : « On est dans la merde, mais on ne vole pas ! ». Guigui, devenu endetté, n’hésite pas, finalement, à voler des pommes et des merguez, à cogner pour de la monnaie et s’enfuit loin de la France, laissant derrière lui tous ses problèmes pour faire du moto- neige.

J’aurais pu dire comme le scénario semble avoir été écrit par deux personnes différentes : l’une qui dénonce par un réalisme superbe, qui séduit par la franchise des faits et l’autre qui doit finir le film, résoudre le mystère de l’absence d’une mère, résoudre un problème social d’un endettement embourbé et appuyer une morale humaine. J’ai eu l’étrange impression que cette deuxième personne ne comprenait pas la première et les enjeux qu’elle avait installés, que Cédric Kahn s’était divisé en deux réalisateurs : un bon et un mauvais. Comme s’il en avait eu assez de chercher des solutions, comme si lui-même ennuyé par son film l’avait clos sur des facilités scénaristiques décevantes. La pauvre Leila Bekhti, victime d’une naïveté à la limite de l’improbable, joue la souffre-douleur honteuse derrière les barreaux. Pendant ce temps Guigui et son fiston se fendent la poire sur leur moto-neige. Bref, on oublie les soucis et on s’éclate au Canada. Tabernacle !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire