Métachronique

Métachronique

vendredi 21 février 2014

Il va faire tout noir.


Eventail de stars aphrodisiaques, Scott aux commandes, Cartel s’annonçait comme la production hollywoodienne décevante de conventions et de moyens. Surprise les gars ! Ici, tout est sombre, tout finit mal, tout dérange.
Le réalisateur ne s’écarte pas tant de la science-fiction qu’on lui connaît : chaque personnage est un vaisseau spatial traversant le champ, longuement, à pas de félin, à pas tranquille. Les dialogues sont des ovnis, aériens. Le film prend toute sa dimension dans des discussions, impensables, dans des conversations méta-tarentinesques déroutantes.
N’attendez pas l’happy-ending. Si vous croyiez que les Etats-Unis n’étaient plus capables de nihilisme  que dans les séries TV, regardez Cartel et revoyez votre jugement.
Tout va mal, tout le monde meurt, l’image est belle, les acteurs sont déments.
Bardem est orange de folie, Fassbender est beau de détresse, Pénélope joue avec doigté, Cameron est enfin prise au sérieux et Brad Pitt retrouve l’obscur du déroutant et brillant « Killing me softly ». Ce cocktail détonnant de stars à contre-pied hypnotise et bouleverse.

Voyez Cartel pour Javier Bardem racontant avec honte comment sa belle a fait l’amour à une décapotable, voyez-le pour une conversation téléphonique inédite et déroutante, voyez-le en noir, brut, tel quel. Voyez Cartel avec souffrance et beauté… comme il est.

dimanche 9 février 2014

Enveloppé d’ailes papillonnantes, l’homme s’élève.


 
Matthew McConaughey vit son âge d’or, ses prestations sont toujours impeccables et jamais envahissantes. Il sait laisser de la place au reste de la distribution et briller parmi les autres étoiles. Dans Dallas buyers club, il livre un jeu tout en puissance malgré son corps sec affaibli. Son tandem avec Jared Leto -incroyable- est une belle réussite, gonflée d’émotions.

Dallas buyers club est l’histoire d’un électricien amateur de whisky, de sexe sans latex, piqué par une drogue dure. Mis KO par une étincelle, il se réveille malade et condamné, il se réveille à l’hôpital, dans le sourire de Jennifer Garner. Débute alors un combat sans merci contre l’Etat, contre la FDA, contre lui-même.

J’en attendais peut-être trop de Jean-Marc Vallée, réalisateur de C.R.A.Z.Y. et du bouleversant Café de Flore. Confiant à d’autres le montage, son domaine d’excellence, il abandonne sa touche toute particulière, son ton unique. La musicalité de son cinéma perd le rythme, il passe alors pour le bon élève rendant une copie sans fautes, mais sans folie. Cette production conventionnelle est pourtant discrète et efficace, elle s’impose en douceur dans l'actuel paysage cinématographique violent et obscène.