Métachronique

Métachronique

vendredi 30 mars 2012

He his my buddy love


Mavis (Charlize Theron), auteur trentenaire de livres pour adolescents, revient dans sa ville natale, dans le but désespéré de reconquérir son ex-petit ami, Buddy, aujourd’hui marié et jeune papa. Après Juno, Diablo Cody et Jason Reitman imposent une fois de plus leur verve cynique dans cette comédie teintée de drame. Charlize Theron est excellente en frustrée alcoolique, enfermée dans son adolescence, dans ses histoires, dans ses illusions. Elle est mille femmes à la fois, passant de l’une à l’autre en un pas de géant, passant du lendemain de cuite cerné à l’allumeuse sexy, des cheveux en bataille au chignon épinglé. Mais au dedans de cette poupée modelable, tout s’agite et se perd. Young adult est le cruel portrait intérieur d’une femme paumée.

jeudi 29 mars 2012

Today in New York

 
Après son Skylab truculent, Julie Delpy revient vite sur grand écran avec une comédie hystérique et déglinguée, truffée de dialogues brillants, de situations un peu grossières et d’acteurs inclassables. Nul ne filme le fatras d’une famille, ses joies et son encombrement, comme Julie Delpy. 2 days in New York a un côté cathartique, il a l’humour dont on rit grassement, c’est un jambon/beurre trempé dans un smoothie. Le mélange des langues est délicieux, la caricature de la connerie française un peu poussée et écoeurante, mais l’ensemble est un vrai petit coin de fraîcheur où se réfugier pendant 90 minutes.

samedi 24 mars 2012

ENTERTAINMENT

 
Hunger games est un pur divertissement, au scénario impeccable, visuellement discutable, à la mise en scène américanisée. C’est un film paradoxal, à la fois culpabilisant si l’on s’identifie au public jubilant de ces jeux sadiques, nos yeux encourageant ce qu’ici même est dénoncé sous une bonne couche de maquillage. A la fois entièrement prenant, immergeant,  les fesses dans le fauteuil et le cœur battant au rythme de l’intrigue, on avale notre pop corn en vivant le film à voix basse « tue-le, tue-le… embrasse-le, vas-y… attention derrière toi ! ». 

Fuck Forever

Bye Bye Blondie est bien écrit, dégoulinant de trash, de vulgaire, d’humour cru et d’éclats, mais son hystérie est hérissante et sous ses traits rebelles, le film reste une banale histoire d’amour et de renoncement.
Frances (Béart) retrouve son premier grand amour d’enfance qu’elle avait fui autrefois, Gloria (Dalle), qu’elle invite à Paris dans son appartement froid de star de la télé. Mais l’univers cul coincé de Frances détonne avec le caractère bien trempé (voire noyé) de Gloria, punk un jour et toujours.
Les acteurs sont inégaux, B. Dalle n’a rien perdu de son impudeur verbale, E. Beart l’accompagne parfaitement dans ce couple improbable. Leur version miniature est elle aussi convaincante, bien que les deux jeunes filles, à trop vouloir persuader, tombent parfois dans le trop plein de jeu. Enfin, la reconstitution de la famille bien rangées des années 80 sonne comme une jolie caricature et les parents de la punkette jouent aussi mal que le décor.



Le cul entre deux chaises, on ne saurait trop dire si c’est réussi ou insignifiant.

jeudi 22 mars 2012

10 pulsations de cœurs légers


30 beats est un relais sensuel de plaisir chaud et éphémère. Se succèdent des hommes, des femmes, liés par une nuit, un après-midi de sexe, de suées mêlées. C’est un New York I love you avec un seul point de vue, sensible et construit, sur la beauté des corps sous la canicule. Rythmé par une BO punchy, sexy, 30 beats est une invitation au voyage loin du cinéma prise de tête. Voilà de la légèreté en brassées, un baiser sur la bouche du plaisir.

Kruger aime quand c'est doux...

 
Nous ne sommes plus en 1789. Les adieux à la reine aurait eu le mérite d’être sulfureux et subversif avec une réalisation moins coincée. Diane Kruger, délicieuse comme à son habitude, s’amuse avec un accent autrichien à la frontière du comique. Elle resplendit de contraste, à demi reine tyrannique, à demi enfant rieur. On regrettera l’omniprésence à l’écran de Léa Seydoux, dans le rôle presque antipathique et très froid de lectrice dévouée à Marie-Antoinette, au détriment de Virginie Ledoyen, aux brèves apparitions, au corps royal, à la douceur glaciale. La distribution, la place de chacune dans le film est le reflet de la mauvaise répartition de l’intrigue. Hésitant entre l’historique des jours versaillais au lendemain de la prise de la Bastille, entre la liaison interdite de Marie-Antoinette avec Gabrielle de Polignac, très peu développée comme par pudeur, et entre la fascination aveugle et le désir muet de la jeune liseuse pour sa maîtresse. C’est cet amour malsain qui prend toute la place, Jacquot fait la peinture des sentiments de Sidonie pour sa Reine, dans un développement sans suggestion, sans subversion, sans rock’n’roll.
La caméra en allers-retours donne bien vite mal au cœur et laisse l’impression d’un cinéma bâclé. Le réalisateur aime les femmes, les filme belles et apprêtées, mais il en oublie son scénario et n’ose pas, n’ose rien. Les images sont trop prudes. Et le rendu frôle le téléfilm.
À quoi bon choisir trois femmes aussi belles si c’est pour les étouffer dans les corsets serrés de robes poussiéreuses ?

lundi 19 mars 2012

Du X boutonneux.

Projet X est une grosse blague bien salace pour faire marrer les ados, sans fond, sans morale, sans intérêt. Projet X est un clip américain pour branlette prépubère, un amas d’images saturées, d’images dégueulasses de rebondissements, de lèche générale. Projet X est embarrassant de bêtise et l’encourage furieusement. Le parti pris de la caméra subjective est absurde, absolument irrespecté, bien mieux maîtrisé par les mains habiles d’Andrew dans le plutôt réussi Chronicle. Le parallèle entre ces deux films est vite tracé : portrait d’un looser qui tient entre ses doigts une destruction qui le dépasse. Mais la génération actuelle filmée dans Projet X est absolument terrifiante et cette insouciance sexy semble être approuvée par son réalisateur qui nous en tartine pendant 1h30.


Procession torchée.

J’aime les faits-divers, leur teneur éphémère ; ils sont le témoin de la faiblesse de l’homme. Dans Possessions, Julie Depardieu et Jérémie Renier excellent dans l’interprétation du couple beauf nourri au coca et à la télé, rêvant d’une richesse illusoire. L’atmosphère est pesante, le réalisateur joue avec la latence d’un événement terrifiant et la douceur d’une vie de palace… d’une vie de chalet. Mais l’ambiance prend le pas sur le fond et s’installe alors une certaine lenteur lassante, un désintérêt pour cette histoire terrifiante de jalousie mêlée de haine.

jeudi 15 mars 2012

"J'suis cocu mais content..."

Les infidèles ne le sont pas à moitié. Dujardin et Lellouche se paient un trip ciné dans un film à « sketches », ou plutôt dans ce qu’on pourrait définir comme un recueil fouillis de courts métrages inégaux. Le film s’ouvre sur le duo amassant des blagues un peu lourdes, enfermés dans des personnages clichés, sous la direction complice de Fred Cavayé. Puis, après un interlude plutôt bref, le film démarre. Le séminaire, réalisé par l’injustement oscarisé Michel Hazanavicius, met en scène un Jean Dujardin un peu looser, un peu seul, cherchant désespérément un réconfort féminin, que lui vole, sourire en coin, un Gilles Lellouche dragueur et endurant. Ce segment est long, l’image terne, le rire coincé et l’ennui réel. La Lolita d’Eric Lartigau ne lui sauve pas la mise. Un essai ni drôle, ni profond sur un homme amoureux d’une fille trop jeune qui s’en moque.
Et si les femmes parlaient mieux de l’infidélité ? Emmanuelle Bercot signe un dialogue superbe avec La question. Chouchou et Loulou passent de France 2 au grand écran, sans transition et sans non-dits. L’image est soignée, l’écriture est délicieuse de violence, une violence dans un écrin de tendresse.
De courts portraits d’infidèles entrecoupent le film pour aboutir à un segment, d’Alexandre Courtès, Les infidèles anonymes, drôle, efficace. Puis nos deux amis s’envolent pour Vegas dans une fin déjantée qui laisse un sourire aux lèvres. Et je reste sur la mienne. De fin.

mercredi 14 mars 2012

A history of silence

A history of violence tire sa force dans l’installation naturelle d’une transformation,  dans la progression d’un malaise, dans l’évolution d’un doute. Mortensen joue un homme aux deux faces, entre la schizophrénie et la repentance, héros un peu menteur, à la gâchette facile. Sa femme est superbement interprétée par Maria Bello, la sexy coyote, entre l’aveugle confiance et le déchirement.
Cronenberg s’installe en maître avec ce film, une pépite de violence muette.


lundi 12 mars 2012

Danny the dog

 
Daniel Day Lewis : comme une évidence. Fragile en père mourant dans la ballade de Jack & Rose, léger et érotique infidèle dans l’insoutenable légèreté de l’être, il garde son sourire malicieux, charmeur, humain. Sa rareté à l’écran en fait un joyau précieux, une pépite atypique. Il est trop souvent l’oublié, un nom égaré dans un trou mémoire, dans des vieux dvds. Il est pourtant un acteur incroyable, touchant, vrai.
C’est tout pour aujourd’hui.

jeudi 1 mars 2012

Martha Marcy May Marlene Mary


Martha Marcy May Marlene : Identités allitératives, trois chemins de vie que prend Elizabeth Olsen dans ce film étrange, à part. Martha, un peu sale, un peu paumée, revient après deux ans d’absence, auprès de sa sœur. A coups de flash-backs qui s’insinuent sans chichis, mais avec adresse, Martha devient Marcy May, recueillie dans une secte d’esclavagisme bohême ; elle devient Marlene, bercée par la peur et la paranoïa.
Le grand ensemble des acteurs est remarquable, Olsen en tête, pulpeuse aux yeux apeurés. L’image est délavée, le cadre sensible, nous sommes baignés dans une lumière pâle, dans cette histoire bouleversante de manipulation qui jamais ne cesse.