Métachronique

Métachronique

mercredi 30 novembre 2011

Tout le monde n'est pas Zack Snyder.

Vous connaissiez le mythe de Thésée ? Oubliez-le pendant 1h40.

Le respect de la mythologie se fait au-delà l’histoire. Il est dans les scènes épiques en tableaux de muscles et de spectaculaire, dans les combats magnifiques, où des têtes éclatées sur des murs éclaboussent en 3D la chair et le sang. Il est dans l’étroitesse des dieux dans leurs rapports familiaux, dans l’ambiguïté charnelle, dans l’aspect immoral d’inceste divin.

Les immortels, sorti sous le label 300, en subit la comparaison. Nous retrouvons, en effet, les images léchées, les ralentis musculaires, l’histoire colorisée à la sauce cinéma, mais Snyder était le premier et restera indétrônable. Les immortels ne lui arrive pas à la jupette, mais reste un film très beau dans toute sa violence. En revanche, la 3D n’est pas nécessaire, l’image se suffisait en soi, si ce n’est pour le superbe plan final de combat céleste.

mardi 29 novembre 2011

Justin time


Ayant vu Lord of war avec un enthousiasme peu manifeste, je partais sans attentes particulières, mais le scénario retenait mon attention.

In time est un divertissement. Pourtant, il possédait tous les atouts pour être un grand film : une trame originale, une histoire d’amour entre le pauvre garçon du ghetto et la riche fille à papa, une héroïne aux yeux qui assiègent et du fric pour mettre tout ça en forme. Mais maladroitement exploité, l’ensemble tombe dans l’action pure, les explosions, les courses poursuite et l’amateurisme.

Le film manque d’humour, de cynisme, de rythme. La morale est enfantine alors qu’on aurait pu tirer de ce scénario des dialogues et des situations plus profondes et spirituelles, laissant de côté les flingues clinquants et l’eye-liner d’Amanda Seyfried.

Et qu’on lui offre une paire de baskets, bordel !

vendredi 25 novembre 2011

Et moi ça reste, ça me tord , je peux pas, je peux pas…


Voilà un film d'émotions. Maïwenn, elle a su appuyer au bon moment, sur le bon bouton, pour qu’on puisse saisir chaque moment au plus près, au plus vrai. Au-delà du sujet brûlant de l’enfance abîmée, le portrait humain dressé par la réalisatrice est fort, touchant, fracassant. Les personnages sont à vif, l’image est naturelle (elle a aussi ses défauts, mais ils ont tous une raison d'être). La direction d'acteurs est exceptionnelle, Maïwenn capture et passe les talents au révélateur. Le duo Viard/Foïs tient de la magie. J’ai voulu manger des Pépitos® sur Nicolas Duvauchelle, j’ai voulu serrer Joey Starr dans mes bras pour calmer sa douleur, j’ai voulu dire à Jérémie Elkaïm de quitter Valérie et d’épouser Maïwenn pour lui avoir offert son premier rôle bien joué.

Pendant Polisse, dans la salle, on entend des âmes sensibles pousser des soupirs effrayés, des fiertés qui retiennent leurs larmes à la fin – majestueuse - , le bruit des mains crispées, des poils qui se dressent sur le bras du voisin, les éclats de rire parfois. Bref. Polisse, c’est comme si votre vie défilait devant vos yeux, sauf que vous mourrez pas à la fin. Polisse, on en sort tout chamboulé, on voudrait pouvoir en parler, mais tout a déjà été dit. Alors on dit rien.


jeudi 24 novembre 2011

Emily Jolie


Comme de Ken Park, d’Eyes Wide Shut, on ne sort pas de Sleeping beauty un sourire aux lèvres et le baume au cœur. Le malaise se roule en pelote dans nos gorges serrées.

Emily Browning excelle en princesse désenchantée. La jeunesse immaculée de sa peau blanche et lisse, léchée, jetée, bue en fontaine de jouvence par des corps flasques de vieillards en mal de vie. Ça choque. Ça dégoûte. Mais la froideur méticuleuse des scènes de sommeil détache le film d’un regard pervers au profit d’un point de vue presque amoral, troublant de détachement. L’actrice juvénile est abîmée par les autres, abîmée par le silence macabre de la mort qui s’insinue, qui baigne le film d’une atmosphère glaciale. Sous son apparence fragile de poupée de porcelaine se cache une force, un corps à l’épreuve des balles, un cœur à l’épreuve du monde.



Je ne sais pas si j’ai aimé le film. Je ne le recommande pas. Mais il m’a marquée. Il m’a pénétrée. Il a laissé une trace, des images, des mots dans mon esprit, qui jamais ne s’effaceront, ou dans le plus absolu des sommeils.

mercredi 23 novembre 2011

E. Mouret, enfant de bohème.


Mouret, il a son style, identifiable entre mille : Un jeu théâtral, du marivaudage en cascade sur un air de classique, les longues jambes de Frédérique Bel et une philosophie de l’amour unique et sage, un amour à la fois libre et passionné, pudique et charnel.

Dans l’art d’aimer, le réalisateur perd en surprise (le thème et la joliesse des dialogues n’étonne plus vraiment) mais gagne Julie Depardieu. Julie la délicieuse, la naturelle aux yeux timides. En soi, le casting est idéal. Pascale Arbillot est idéale. Mais les autres sont bien, aussi. Seule Judith Godrèche et sa voix de niaise potiche font tache dans ce tableau d’élite.

On peut reprocher tant de choses à Mouret sur son cinéma, mais quant au sujet de l’amour, il est le roi. L’art d’aimer n’égale pas un baiser s’il vous plait, mais il amuse, il détend, il agace les détracteurs du cinéma français léger, les puritains, et régale les curieux de situations improbables, d’amours fraîches et de baisers volés.



LE CAS MELANIE

LE CAS MELANIE LAURENT

ou la fadeur, la prétention, le snobisme et l’opportunisme aphone


Que les critiques fusent sur son travail, qu’on se le dise, ne tient pas de la jalousie. Si nous n’aimons pas Mélanie, du haut de nos trois pommes, ce n’est pas parce qu’elle prend trop de place, mais trop de hauteur. Ecoutez-la s’écouter parler avec ce lointain ton de l’orgueil.

Si Mélanie nous agace, ce n’est pas parce qu’elle est trop belle et que son visage est un film. Non, parce que quand elle joue, l’écran est froid ; ses sourires, ses pleurs sont des vitres de glace dans lesquelles elle se regarde sourire et pleurer.

Si Mélanie est insupportable, ce n’est pas parce qu’elle touche à tous les domaines artistiques avec brio, mais avec du bol. Son cd est un couinement étalé sur une marmelade de musiques folk. Son discours à Cannes était celui d’une enfant gâtée.

Alors si Mélanie a joué dans des films excellents (Paris, Inglorious basterds, beginners) avec des partenaires de choix (Mac Gregor, Waltz, Binoche, Depardieu), sans pour autant nous convaincre de son talent, y parviendra-t-elle en tant que réalisatrice ?



Les adoptés est un film un peu pleurnichard, mais ceux qui pleurnichent sont de très bons acteurs. L’écriture est soignée, la photographie également, la mise en scène presque bien. Si l’histoire n’est pas nouvelle et qu’elle est allègrement tartinée d’un mélo-chic lassant, ce premier long-métrage réconcilie (un peu) avec Mélanie Laurent. Il était temps.