Métachronique

Métachronique

mercredi 24 juillet 2013

Pacifric Rim.

 


J’ai dérivé avec un blockbuster. Mon cerveau ainsi divisé, j’ai pu apprécier avec un pur plaisir les couleurs dégoulinantes des villes et de la « bouche » des kaijus, la mécha-nique puissante des Jaegers et leur poigne de fer. J’ai pu, irréfléchie, me gaver par les yeux de ce festin musclé, méticuleusement découpé. Mis à part deux scientifiques too much, la fine équipe tient debout, solide. Idriss Elba en impose pas mal, bien entouré de l’éphémère présence de Clifton Collins Jr. et du sourire de Rinko Kikuchi –douce friandise.
Visuellement, Pacific Rim surpasse tous ses récents petits copains friqués, l’argent se glisse dans la bonne fente : celle d’un cinéma technique, spectaculaire. Face à toutes les explosions multicolores, le scénario est superflu et tant mieux pour Guillermo, car le scénario est bien la plus grande faille de ce monstre estival.

Délicieuse dérive.

mercredi 17 juillet 2013

A situations désespérées… solutions artistiques.


Sean Ellis, homme à la douce caméra, doigts de fée du cinéma, revient avec un drame moite, lent. Le misérable se fait sensible, la pauvreté se fait superbe. Metro Manila s’étend, tout en tension et en beauté, magnifié par le travail du son, époustouflant de minutie. Un ton vous parcourt, une ambiance s’installe, un éclat vous chamboule puis le silence vient couper votre souffle.
On pourrait reprocher au film quelques longueurs, dont Ellis se relève grâce à une fin percutante, adroite, bouclant chaque détail avec précision. Comme Cashback, Metro Manila est une expérience visuelle, corporelle et temporelle à tenter les yeux fermés, les cinq sens grand ouverts.

lundi 15 juillet 2013

Bienvenue à Zombieland !

World War Z, Dead set et Warm bodies… Attachez vos ceintures, invasion imminente !
Tandis que Brad l’intrépide tente de sauver le monde à grandes injections de Pepsi et de spectacle, ça saigne dans les coulisses de Big Brother UK. Loin de là, un zombie et une fille à papa se la donnent dans une carcasse d’avion. 


WORLD WAR Z

Pas une giclée de sang, le gore passé sous silence, voilà pourquoi il n’y aura pas d’avertissement. Très propre, mais encore une fois incohérent, ce nouveau blockbuster vient s’ajouter à Man of steel, Iron Man et autres portraits protéinés d’hommes surpuissants. Brad Pitt se la joue héros invincible, bien peigné, l’écharpe négligemment déposée autour du cou. 
Et alors que les femmes poussent le monde au bord du précipice, aidées de zombies à peine effrayants et plutôt sages, Monsieur fait fièrement la démonstration de ses super-pouvoirs. Même pas mort !
Quant à la réalisation, elle suit le chemin tout tracé de ses prédécesseurs à gros budget : caméra au shaker, cut, cut, cut, plan aérien, cut, shake, et le cheveu toujours soyeux. Cette troisième guerre manque de crasse, de sang et de suspense !


DEAD SET

Alors qu’une nouvelle saison de Big brother est tournée, l’Angleterre subit une violente attaque de morts-vivants. Enfermés dans leur prison en carton-pâte, les participants du jeu télévisé ne se doutent de rien, jusqu’au jour où…

Mini série de cinq courts épisodes, crée par le savant Charlie Brooker (Black mirror), Dead Set est noire et cynique, corrosive. Le concept est intelligent et, grâce à des parallèles bien sentis, la série se sert de cette invasion de zombie pour faire le procès sanglant de la télé-réalité. Elle a tout ce qu’il manque à WWZ : un suspense stressant, du gore réaliste et du fond. Pour une fois, pas de rigolade : l’ambiance est nerveuse et personne n’est épargné. Pas de demi-teinte, pas de happy end, cette série est, à l’instar de Black mirror, une révolte créative.


 WARM BODIES
 
Un Roméo et Juliette de sang froid. Warm bodies est la romance entre un zombie aux yeux bleus et une jeune adolescente bien vivante. Quoiqu’un peu mielleuse, cette histoire n’est pas dénuée d’humour et se rattrape d’une bande annonce trop plate. Un petit moment sympathique pour dimanche pluvieux.

jeudi 11 juillet 2013

"Tout objet est d'abord objet d'intérêt. Donc mon corps est un objet d'intérêt. Je vais écrire le journal de mon corps."


Daniel Pennac - Journal d'un corps (mis en dessin par Manu Larcenet)
Texte intégral chez Futuropolis de Gallimard
 
Quelle finesse, quelle poésie, quelle écriture ! Pennac est un roi, Larcenet est un prince. Ensemble, ils ont produit l’œuvre majeure, l’œuvre irréprochable, l’œuvre parfaite. Ce corps que chacun d'eux deux et de nous a enduré, celui dont ils ont jouit, est à nu dans ce journal sensible, émouvant et précis.
Le format démesuré en fait un livre d'enfant, illustré, que l'on ouvre le soir pour s'y plonger, avec dedans des mots d'adultes, des maux de grands et des dessins perçants.

Le duo des auteurs ne forme plus qu'un, leurs obsessions mêlées, leur passion exaltée. Leur talent est immense, ce journal d'un corps l'est encore plus.

"La beauté ne survient qu'après l'usure et les grandes fatigues, qu'il s'agisse de celle des choses ou de celle des êtres." P.C.


 
Dans Stoker, la jeune India se découvrait un oncle mystérieux, pervers, finalement monstrueux. Chez Diane Kurys, tout est plus gentil, tout est plus français. Pour une femme manque d’un brin de folie, de perversion, de passion. Le casting est prudent ; c’est avec des gants qu’on évite les faux pas. Sylvie Testud et Julie Ferrier jouent deux sœurs qui, à la mort de leur mère, s’en vont fouiner dans son passé, dans ses boîtes, ses tiroirs.
Flash backs baignant dans le banal, dispensables. Nous voilà cinquante ans en arrière avec Mélanie Thierry (radieuse) et Benoît Magimel (correct) en couple presque parfait, surpris par l’arrivée du frère russe Duvauchelle, gardant un lourd secret sous son sourire charmeur.
Les seconds rôles sont soignés, Clothilde Hesme, Podalydès, Sibony, aucun ne dénote, tous sont impliqués dans leur personnage, donnant une saveur plus piquante à cette fade histoire d’une famille qui n’est pas la nôtre.
Coloré par des instants intenses (cette lessive toute en tension, la fin souriante…), Pour une femme reste trop simple, pas assez charnel, pas assez manipulateur, il est un film sage d’élève moyen.

dimanche 7 juillet 2013

I give it a week.

 

Mariage du délicieux humour anglais avec les grassouillets gags américains.

Un mariage pas si mauvais et loin d’être raté ; au final, le film se laisse regarder le sourire aux lèvres. Cette romcom a tout de prévisible mais rien de trop lourd. Anna Faris est étonnamment digeste, Rose Byrne est -comme toujours- froidement sensuelle, et les deux hommes délicieusement contraires. Ce carré amoureux n’est en aucun cas assez consistant pour être applaudi, mais il est une légèreté que l’on déguste sans honte ni ennui.

I give it a year.

mardi 2 juillet 2013

Wire in the blood

Logé dans l’esprit des serial killers, le psychologue Tony Hill est recruté par la police comme profiler dans l’équipe de l’inspectrice Carol Jordan, pour élucider des enquêtes tordues. Critique des saisons 1 et 2, obsédantes.


Il y a quelque chose de simple, d'écorché dans La fureur dans le sang, une audace un peu rétro. La série impose son ambiance -addictive. Ce ne sont pas de vains bavardages, mais des dialogues complexes. L’humour fin, cynique, se faufile entre les lignes d’enquêtes loquaces.
Les meurtres s’accumulent, mais le duo n’apparaît jamais comme héroïque, il prend son temps. Et quelle tension ! Entre ces deux-là, il palpite de la tristesse, de la frustration, de l'admiration, de la bienveillance. Ce couple est magistral, il fonctionne parfaitement et, doucement, s’inscrit dans le mythe.

Une série modeste et pluvieuse.