Métachronique

Métachronique

jeudi 29 décembre 2011

Le talentueux Mr Ripley

Petit suspense sensuellement mené par Aaron Johnson et ses jeunes amis virtuels, Chatroom est bien, mais pas mieux. La matérialisation des salons de discussion est visuellement maîtrisée, on ressent presque l’acidulé des couleurs ou le froid malade, nos yeux respirent du rose glossy et du bleu livide. Le réalisateur a su instaurer une atmosphère toute particulière, suffocante et malicieuse, comme un reflet d’une génération. L’intrigue est intéressante mais un peu poussive, malgré les performances d’acteurs convaincantes. Mais finalement, on en voudrait plus, plus de tout, que ça frappe un peu plus fort, un peu plus loin, aux portes du cinéma de genre, que Nakata assume son film pour en faire une œuvre.

vendredi 23 décembre 2011

Drôle de vie ouais.

Le rôle de Leila Behkti est horripilant d’égoïsme, d’arrogance, de bêtise. Géraldine Nakache s’est gardé le personnage fragilisé, celle à qui l’on s’attache. Le duo fonctionne bien, mais le fond agace. Pourquoi tant d’étoiles chez les critiques pour ce long métrage en toc ? Ce film est réducteur. Les jeunes filles passent pour des chouettes aux reflets dorés dans les yeux, elles passent pour des mouches, collées au clinquant, elles passent pour des dindes que l’on attrape avec un gros billet, elles sont félonnes et ont des perspectives d’avenir bien superficielles. Ce film est réducteur. Que la presse sorte les diams qu’elle a dans le cul, qu’elle plonge un peu ses mains dans la merde pour enfin pouvoir en reconnaître une.


Highway to HELL



HELL


Duvauchelle guérit le film, nous sauve de l’overdose quand Forestier nous y pousse. Elle est à l’image de son rôle, creuse et stupide. Elle est à l’image du film, vide avec pourtant quelques instants de grâce. Elle est comme toutes ces cigarettes fumées, inutiles et malade.
Le film tourne en rond, tourne, tourne, pendant 1h30, reboucle sur des scènes identiques d’un je t’aime-moi non plus d’enfants gâtés, pour finalement percuter l’obstacle prévisible d’une chute facile. Le cadreur filme en état d’ivresse, la caméra titube. Chaque minute semble durer une heure. C’est long, froid, vulgaire, triste.

jeudi 22 décembre 2011

Et l’hémoglobine en rouge à lèvres sur la bouche gourmande de Megan.


DEMON - YOU ARE MY HIGH


Jenifer’s Body Voilà un film de genres. Du gore mordant sur fond de rock californien, un teenage movie sanglant qui cache ses atouts, une bonne grosse blague qui balance pas mal, deux héroïnes bien jolies maquillées des clichés de leur âge et des dialogues bien sentis. C’est trop, trop, mais c’est bon. Je me suis gavée sans honte de cette bouillie trash.

mercredi 7 décembre 2011

Une belle connery.

Bons baisers de Russie

Super générique aux projections sur femmes, tout en sexytude pour un James Bond au top. Tout y est. Je ne peux m’empêcher d’entrevoir le kilt et la barbe blanche de notre 007, mais avouons qu’il introduit parfaitement la série avec une classe british. Des gadjets, des dialogues salaces, un méchant à chat et un tueur blond, le cockatil parfait pour un James Bond réussi.


Tagada tagada voilà les Daltons.

Une vodka martini, une médiathèque et un peu de temps. Je me lance - dans le désordre - dans la re-re-redécouverte de mon classique favori.

UN MOIS AVEC JAMES

Timothy Dalton est le plus beau. Il a le charme et la jeunesse que les autres ont perdu. Et pour l'entendre parler français dans "permis de tuer"...Deux 007 n'étaient pas assez, mais le changement fait toute la saveur de la série des James.

Il est pourtant le seul à savoir faire ce regard séducteur aux épais sourcils.

mardi 6 décembre 2011

Farce Spéciale.


Non, non, non. On ne peut laisser passer une telle énormité sans en dire deux mots. Forces spéciales est ce que l’on appellerait chez nous un « clip corporate » d’1h47. Malgré un casting alléchant (Magimel, Kruger, Ménochet), les dialogues sont désarticulés et délaissés au profit de tirs, de cris et de démonstrations de courage. Le montage est insupportable, la réalisation exécrable, le film est miné d’incohérences, le film est mauvais. Il porte haut les valeurs de l’armée française, si haut qu’il en donne la nausée. Forces spéciales est une publicité, une propagande. Forces spéciales est une bonne grosse blague qui traîne en inutilité. Je dis non.

vendredi 2 décembre 2011

"On ne veut plus les quitter / Quand on les enfile."


Le Chat Potté sent le recyclé. Malgré quelques blagues bien senties et l’irrévérence du personnage, le matou ne fait pas l’unanimité. Seules les allusions scabreuses et les références - ayant pour cible une autre génération que celle de son public – décrochent quelques rires affirmés. Mais certaines scènes sont trop répétitives et l’on connaît déjà les ficelles du célèbre regard youtube de chat mignon. L’animation en revanche reste correcte, bien qu’elle peut envier Disney et Pixar du coin de l’œil : le Chat Potté chatouille de ses moustaches une 3D paresseuse.

Moi, j’en voulais plus encore. Plus de folie, plus de chansons, plus de gags de grands, plus de travail. Et l’âne.

mercredi 30 novembre 2011

Tout le monde n'est pas Zack Snyder.

Vous connaissiez le mythe de Thésée ? Oubliez-le pendant 1h40.

Le respect de la mythologie se fait au-delà l’histoire. Il est dans les scènes épiques en tableaux de muscles et de spectaculaire, dans les combats magnifiques, où des têtes éclatées sur des murs éclaboussent en 3D la chair et le sang. Il est dans l’étroitesse des dieux dans leurs rapports familiaux, dans l’ambiguïté charnelle, dans l’aspect immoral d’inceste divin.

Les immortels, sorti sous le label 300, en subit la comparaison. Nous retrouvons, en effet, les images léchées, les ralentis musculaires, l’histoire colorisée à la sauce cinéma, mais Snyder était le premier et restera indétrônable. Les immortels ne lui arrive pas à la jupette, mais reste un film très beau dans toute sa violence. En revanche, la 3D n’est pas nécessaire, l’image se suffisait en soi, si ce n’est pour le superbe plan final de combat céleste.

mardi 29 novembre 2011

Justin time


Ayant vu Lord of war avec un enthousiasme peu manifeste, je partais sans attentes particulières, mais le scénario retenait mon attention.

In time est un divertissement. Pourtant, il possédait tous les atouts pour être un grand film : une trame originale, une histoire d’amour entre le pauvre garçon du ghetto et la riche fille à papa, une héroïne aux yeux qui assiègent et du fric pour mettre tout ça en forme. Mais maladroitement exploité, l’ensemble tombe dans l’action pure, les explosions, les courses poursuite et l’amateurisme.

Le film manque d’humour, de cynisme, de rythme. La morale est enfantine alors qu’on aurait pu tirer de ce scénario des dialogues et des situations plus profondes et spirituelles, laissant de côté les flingues clinquants et l’eye-liner d’Amanda Seyfried.

Et qu’on lui offre une paire de baskets, bordel !

vendredi 25 novembre 2011

Et moi ça reste, ça me tord , je peux pas, je peux pas…


Voilà un film d'émotions. Maïwenn, elle a su appuyer au bon moment, sur le bon bouton, pour qu’on puisse saisir chaque moment au plus près, au plus vrai. Au-delà du sujet brûlant de l’enfance abîmée, le portrait humain dressé par la réalisatrice est fort, touchant, fracassant. Les personnages sont à vif, l’image est naturelle (elle a aussi ses défauts, mais ils ont tous une raison d'être). La direction d'acteurs est exceptionnelle, Maïwenn capture et passe les talents au révélateur. Le duo Viard/Foïs tient de la magie. J’ai voulu manger des Pépitos® sur Nicolas Duvauchelle, j’ai voulu serrer Joey Starr dans mes bras pour calmer sa douleur, j’ai voulu dire à Jérémie Elkaïm de quitter Valérie et d’épouser Maïwenn pour lui avoir offert son premier rôle bien joué.

Pendant Polisse, dans la salle, on entend des âmes sensibles pousser des soupirs effrayés, des fiertés qui retiennent leurs larmes à la fin – majestueuse - , le bruit des mains crispées, des poils qui se dressent sur le bras du voisin, les éclats de rire parfois. Bref. Polisse, c’est comme si votre vie défilait devant vos yeux, sauf que vous mourrez pas à la fin. Polisse, on en sort tout chamboulé, on voudrait pouvoir en parler, mais tout a déjà été dit. Alors on dit rien.


jeudi 24 novembre 2011

Emily Jolie


Comme de Ken Park, d’Eyes Wide Shut, on ne sort pas de Sleeping beauty un sourire aux lèvres et le baume au cœur. Le malaise se roule en pelote dans nos gorges serrées.

Emily Browning excelle en princesse désenchantée. La jeunesse immaculée de sa peau blanche et lisse, léchée, jetée, bue en fontaine de jouvence par des corps flasques de vieillards en mal de vie. Ça choque. Ça dégoûte. Mais la froideur méticuleuse des scènes de sommeil détache le film d’un regard pervers au profit d’un point de vue presque amoral, troublant de détachement. L’actrice juvénile est abîmée par les autres, abîmée par le silence macabre de la mort qui s’insinue, qui baigne le film d’une atmosphère glaciale. Sous son apparence fragile de poupée de porcelaine se cache une force, un corps à l’épreuve des balles, un cœur à l’épreuve du monde.



Je ne sais pas si j’ai aimé le film. Je ne le recommande pas. Mais il m’a marquée. Il m’a pénétrée. Il a laissé une trace, des images, des mots dans mon esprit, qui jamais ne s’effaceront, ou dans le plus absolu des sommeils.

mercredi 23 novembre 2011

E. Mouret, enfant de bohème.


Mouret, il a son style, identifiable entre mille : Un jeu théâtral, du marivaudage en cascade sur un air de classique, les longues jambes de Frédérique Bel et une philosophie de l’amour unique et sage, un amour à la fois libre et passionné, pudique et charnel.

Dans l’art d’aimer, le réalisateur perd en surprise (le thème et la joliesse des dialogues n’étonne plus vraiment) mais gagne Julie Depardieu. Julie la délicieuse, la naturelle aux yeux timides. En soi, le casting est idéal. Pascale Arbillot est idéale. Mais les autres sont bien, aussi. Seule Judith Godrèche et sa voix de niaise potiche font tache dans ce tableau d’élite.

On peut reprocher tant de choses à Mouret sur son cinéma, mais quant au sujet de l’amour, il est le roi. L’art d’aimer n’égale pas un baiser s’il vous plait, mais il amuse, il détend, il agace les détracteurs du cinéma français léger, les puritains, et régale les curieux de situations improbables, d’amours fraîches et de baisers volés.



LE CAS MELANIE

LE CAS MELANIE LAURENT

ou la fadeur, la prétention, le snobisme et l’opportunisme aphone


Que les critiques fusent sur son travail, qu’on se le dise, ne tient pas de la jalousie. Si nous n’aimons pas Mélanie, du haut de nos trois pommes, ce n’est pas parce qu’elle prend trop de place, mais trop de hauteur. Ecoutez-la s’écouter parler avec ce lointain ton de l’orgueil.

Si Mélanie nous agace, ce n’est pas parce qu’elle est trop belle et que son visage est un film. Non, parce que quand elle joue, l’écran est froid ; ses sourires, ses pleurs sont des vitres de glace dans lesquelles elle se regarde sourire et pleurer.

Si Mélanie est insupportable, ce n’est pas parce qu’elle touche à tous les domaines artistiques avec brio, mais avec du bol. Son cd est un couinement étalé sur une marmelade de musiques folk. Son discours à Cannes était celui d’une enfant gâtée.

Alors si Mélanie a joué dans des films excellents (Paris, Inglorious basterds, beginners) avec des partenaires de choix (Mac Gregor, Waltz, Binoche, Depardieu), sans pour autant nous convaincre de son talent, y parviendra-t-elle en tant que réalisatrice ?



Les adoptés est un film un peu pleurnichard, mais ceux qui pleurnichent sont de très bons acteurs. L’écriture est soignée, la photographie également, la mise en scène presque bien. Si l’histoire n’est pas nouvelle et qu’elle est allègrement tartinée d’un mélo-chic lassant, ce premier long-métrage réconcilie (un peu) avec Mélanie Laurent. Il était temps.