Métachronique

Métachronique

jeudi 25 février 2016

« Abandonne ceux qui s'abandonnent »


Criant le vrai, Maïwenn revient. Elle filme avec pudeur comme il est dur d'être grand. Parce qu'aimer c'est rire beaucoup autant qu'on pleure. Un jour, on touche les étoiles à pleines mains, quatre mains et le lendemain tout vole en éclats, de verre, de voix, en éclats d'âmes.

Cassel est parfait en roi acteur, menteur, à la fois despote, manipulateur et séduisant, vivement capricieux. Gros roi bébé. Sexy. Bercot est absolue, tellement réelle dans ses fêlures, dans son amour aveugle et dans sa dépression. Et puis l'enfant, dans la tourmente.
On se désole, on voit venir le piège, on voudrait sauver Tony des griffes de son roi des connards. Le film prend aux tripes parce que les acteurs sont tous d'une perfection égale, raffinée, magistralement dirigés par la baguette magique de Maïwenn. Du coup, on plonge dans une histoire bouleversante de vérité, crédiblement dangereuse.


Un film sans morale, amoral, sur l'amour sans issue, sur ce qu'on croît être de l'amour quand on s'est fait avoir.

mercredi 17 février 2016

Fréquentations douteuses...


Course poursuite carnavalesque, jeu de jambe entre les squelettes et les fleurs de crépon. Puis une image baignée dans l'or. Un jaune ambré dans lequel se découpent des ombres et des costumes sombres. Une lumière dorée drapée dans la nuit noire.
Somptueuse entrée en matière, comme toujours, même si la scène de l'hélicoptère m'a rappelé la tour Montparnasse infernale – pas bien sérieux tout ça.
Viennent ensuite les 2 heures infinies d'un spectacle d'acteurs défraîchis. Waltz est sous-employé, Craig a perdu de son panache, Bellucci a juste vieilli et Léa Seydoux... La JBG, parlons-en. James Bond little girl. Seydoux n'est pas une femme, elle a le charisme d'un enfant, d'une petite peste de 10 ans. Son élégance est d'une sournoise froideur. Elle aurait plutôt sa place dans les bottes d'un vilain méchant. Quand elle est apparue à l'écran, j'ai eu comme l'envie soudaine de rédiger ma liste de courses. Même dans Mission Impossible, Tom avait une meilleure James Bond Girl (quoiqu'il y avait aussi Léa Seydoux, fichtre!).

Sam Mendes est en fin de course sur ce canasson-là. Qu'il passe le relais, histoire de rafraîchir le mythe. Un nouveau souffle à base d'Idriss Elba en nœud pap', de McQuarrie au scénar, de Laura Mvula au générique et de Rachel Weisz à poil dans les bras de James. Point final.

MLF, SPA, même combat !

Le péril jeune, c'était surtout des mecs, à la même époque, avec les mêmes manifs survoltées et la même musique : Janis rythmant les débats. Mais ne pas porter de sous-tif, même quand on est Cécile de France, ne remplacera jamais Chabert et Tomasi.
Dans la belle saison, Izia est une campagnarde lesbienne qui déboule dans le Paris des années 70 et tombe amoureuse de Cécile de France, hétéro féministe. Comment cette dernière peut se transformer en lesbienne rien qu'en un baiser ? Moi non plus, j'ai pas très bien compris, mais on y croit sans avoir envie d'y croire, parce que les actrices sont toutes tellement justes. Si l'image est à revoir, à refaire, en tout cas à jeter, le casting et la mise en scène sont tout simplement parfaits. Pas une fausse note, pas d'excès, c'est brut, c'est franc, ça fait un bien fou. Malheureusement, le scénario n'a rien d'original, seules quelques répliques bien senties regonflent d'intérêt cette romance un peu plate.

-Vous avez pas baisé vous peut-être ?
- Si, mais j'faisais attention !
- Mais comment ?
- On savait se débrouiller.


Le problème majeur de ce film mineur est que la réalisatrice ne sait pas filmer les femmes. Zéro sensualité dans les mouvements de caméra, aucun travail dans la composition des plans. Si au moins cette amourette avait joui de beaux instants de contemplation, d'une esthétique frappante... mais ici, rien que la fadeur d'une photographie sans couilles. Non merci.