Métachronique

Métachronique

jeudi 26 septembre 2013

Pain in vain.

 
Image sur-vitaminée, injectée de couleurs saturées, dans pain & gain les muscles sont aussi saillants que le synopsis est improbable et surprenant. Pourtant le scénario se traîne, fainéant et la pépite qu’était cette histoire et son potentiel cinématographique sont réduits à une réalisation fluo, explosive et aussi ignorante que ses trois héros gonflés à bloc. Nous entrons dans un visuel éclatant, mais les points de vue soignés sont alternés avec des effets too much, sont altérés par une colorimétrie explosant les niveaux. 
On se croirait dans une carte postale de vacances, le nez coincé entre deux fesses bombées et bronzées, fendues par un justaucorps fushia, le tout souligné d’une phrase d’humour bien gras, tombant à plat.

En cette rentrée, sublimée par une sirène tatouée et un gentil barbu, pain & gain sera vite balayé. Bay s’est perdu dans un scénario trop grand pour lui.

Elève moyen, peut mieux faire.

mardi 24 septembre 2013

Les droits civiques pour les nuls.

Le Majordome - Lee Daniels

Ces yeux qui se disent merde, mais une bouche aux paroles tendres, Whitaker se glisse avec panache et modestie dans le costume de Cecil Gaines, un célèbre majordome né dans un champ de coton et vieillissant sous Obama. Le service est impeccable : habileté esthétique et jeu quatre étoiles. Les histoires politique et familiale se mêlent tendrement. Le casting étincelant (Rickman, Williams, Winfrey, Kravitz, Carey !) auquel s'ajoute le cachet histoire vraie... Cette recette à Oscars concoctée par Lee Daniels est, pour une fois, digeste et touchante.

mardi 17 septembre 2013

Ebony and Ivory

COLLATERAL

Contempler les lumières chaudes de la ville sombre, les fenêtres éclairées perforant les immeubles. Se laisser bercer par un air qui enlace, se laisser conduire par un Jamie Foxx inquiet, vrai. Se faire prendre par Cruise, par surprise, sur la banquette tranquille d’un taxi insomniaque, devenu démoniaque, tueur. Se laisser emporter par ce duo contrasté et inédit d’acteurs mal assortis, qui, le temps d’un film esthétique et prenant, forment une paire indissociable, un couple mythique. On a tué l’ange, un coyote passe.

samedi 7 septembre 2013

I'll try to fix you.

 Newsroom - série créée en 2012 par Aaron Sorkin - 2 saisons
 
Haletant. Newsroom est haletant. Vous pensiez tenir une minute de répit, vous soufflez, mais il sonne un Blackberry dans une poche, une info tombe, et tout s’agite. Vous voilà pris au piège de la fourmilière, de cette grande pièce vitrée où s’entrechoquent l’éthique et l’opportunisme, où des cœurs se brisent sous les coups de l’actualité, où des âmes se trouvent, se testent, où chacun fait évoluer l’autre vers plus de vérité, vers la vérité.
Sorkin tient la barre, grand capitaine, et mène son équipage dans des épisodes sur-rythmés, prenants, précis. Les dialogues sont fins et coulent à flots, accrochez-vous !

Newsroom n’est pas un divertissement, c’est presque de l’info, filmée avec discrétion, la caméra parfois tremblante -juste comme il faut pour donner à la série un joli aspect documentaire. Un documentaire sur la hargne journalistique, sur des principes humains inébranlables et sur la communication à tous niveaux. Une grande série. 

Tears in rain.

 
 BLADE RUNNER - RIDLEY SCOTT - 1982




Des personnages démodés se traquent dans une ville futuriste, entre des pyramides lumineuses et un visage grattant le ciel. Et ces couleurs, ces décors, ces images !
 
Blade Runner est un classique crasseux de la SF, pluvieux et sublime. Le crade du cyber-punk se cogne à l’esthétique lumineuse, aux roses, aux violets violents, aux néons de cette ville grouillante d’humains et de répliques. Malgré la sensible perte de vitesse à mi-chemin, le film s’achève en force, en suspens. 

Ridley Scott est un peintre, le peintre d’œuvres virtuelles, visuelles, un virtuose du cinéma. Quand il saura mener l’action comme il traite l’image, il aura enfin sa place sur le podium.


dimanche 1 septembre 2013

« La lame de fond coule à flots. »

 
La guerre est perdue. Alabama Monroe est un film du désespoir. Sans prétention, avec une sensibilité rare, Felix Van Groeningen filme et découd une histoire d’amour et de perte, sur un fond de bluegrass. Et ces deux acteurs, ces deux personnages sont si justes, si profonds, si vrais que ça vous file la chair de poule et les larmes aux yeux. 


Ce film très noir est baigné d’une lumière chaude, les sentiments et les situations basculent sans cesse. Alabama Monroe est contrasté, c’est ce qui fait sa force. Certaines scènes vont vite, très vite et s’emballent, alors que d’autres prennent leur temps et ce temps est un joyau. Le rythme non chronologique permet de balancer les émotions, c’en est presque éprouvant, on est pris tout entier dans leur histoire et on souffre. Mais que la souffrance est belle quand elle est cinématographique !

Sorry : )

 
Complètement stone ou sous acide… dans quel état pouvait bien être Sebastian Silva pour proposer un tel film et s’y perdre entièrement ? Magic Magic est un long délire, minutieusement joué par Juno Temple, plus bizarre que jamais, totalement hallucinée, Emilie Browning, secrète, divisée, et Michael Cera mi-pervers, mi-génial. 

Quelle pagaille ! Quel somptueux bordel, filmé d’une main de maître. L’image est très intéressante : plans inédits, caméra oppressante. Les couleurs sont somptueuses, les décors, les paysages inquiétants, l’atmosphère malséante.
Il est incontestablement perché, limite malade, Sebastian Silva. Le scénario démarre royalement, tâtonnant entre le film d’horreur et le thriller psychologique. La persécution douce du personnage d’Alicia et son délire grandissant sont presque hypnotiques. Puis tout part en vrille dans un trip vaudou inutile. Un gros, un très gros trouble du côté des personnages dévie du côté du spectateur. Fuyez.

Ass Licker.


Au costume bariolé de Kick-Ass, viennent s’ajouter une ribambelle cheap de supers héros au grand cœur pour combattre une armée de méchants vilains menés par l’ancien Red-Mist, reconverti dans la tendance SM : The Motherfucker.

L’humour sauve cette suite en détresse, coincée dans des impasses. Haut en couleurs et pourtant tellement fade, Kick-Ass 2 est terriblement inférieur au premier presque impeccablement orchestré. Celui-là n’est pas vraiment convaincant, il laisse un goût de bâclé, il s’embourbe dans des scènes d’action très moyennes et des réflexions philosophiques raz les pâquerettes. Trop de fausses notes dans Kick-Ass 2.
Une bonne piqûre d’adrénaline n’aurait pas fait de mal à ce deuxième volet un peu mou.