Métachronique

Métachronique

vendredi 18 avril 2014

Chinese Man VS. Soulchef

 
Chinese man – Groove sessions vol.3                             Soulchef – Escapism - 2010

 
- Racing without sun -

Presque devenus la caricature d’eux-mêmes, de leur label, les Chinese men n’osent plus les excentricités. Entourés d’une bande attendue, dont Deluxe, qui peine de plus en plus à se réinventer, les Djs nous balancent un hip-hop un peu ringard, sauvé par quelques titres comme Balma ou A.M. Horroscope (avec l’excellent Cyph4).

On regrette les pistes où l’instrument était roi, les percussions déchaînées de Calling Bombay ou Pandi groove, la voix lascive de You suck me, la profondeur de Washington Square. Bref, on regrette les sessions précédentes, peut-être moins « groove », mais bien plus abouties.

- Rap Arc-en-ciel -
Tape dans tes mains, hoche la tête à te la décrocher, vagues, vagues, vagues avec tes bras, te voilà plongé dans Escapism. Un album plein de soleil, de piano jazzy, de voix superposées. C’est sucré et rafraîchissant, une glace en plein cagnard avec les copains. Le producteur a rassemblé une petite bande cohérente et chaleureuse, autour d’un hip-hop réjouissant.               Victoire de Soulchef par KO.



 

jeudi 17 avril 2014

« Drunk, taking shots at the moon with an empty pen. »


Grieves - Winter & the Wolves - 03/2014
 
Grieves revient ce printemps avec un album enneigé. Giboulées de mars, martelant les oreilles d’un piano-signature et de gros boum-boums retentissants dans tout le corps, Winter & The Wolves s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs, avec plus encore d’obscurité et de virtuosité underground. 
Un violon nouveau venu (Autumn) vient pleurer sur des mélodies plus profondes et sur les plaies de ce gosse génial. Petites références bien senties (« A lose-lose situation in a maze with a crazed man chasing the kid in me with a blade ») et rebondissements réjouissants à mi-chemin, ce nouvel album est d’un bel équilibre ; bien joué gamin !

mercredi 16 avril 2014

Les amants éternels...

 
Etirements en spirales sous la constellation. Déambulations langoureuses dans les rues jaunes de Tanger, dans les nuits noires de Detroit. Only lovers left alive est une errance délicieusement contemplative, à la lenteur des soirées chaudes d’été. C’est une flânerie qui s’allonge sur une guitare gémissante, sur une bande son en équilibre parfait, entre la musique et le silence.
Du vampirisme comme un prétexte, servi avec un humour saignant, Jarmush s’essaie au genre avec l’aide remarquable d’une Swinton très chevelue et d’un Hiddleston en génie ronchon. Capable du pire (the limits of control) comme du meilleur (Ghost dog), le réalisateur revient au meilleur avec cette étrange romance aux dents longues.

samedi 5 avril 2014

« Lisez l’œuvre, oubliez la vie. » John Irving / Le monde selon Garp

Grand Corps Malade laisse de côté ses jeux de mots mignons de slameur consensuel pour raconter son expérience. Sans chichis, sans détours, mais sans style, ce court récit de vie est touchant, mais dispensable. Pas de plainte malgré le handicap, pas de mélo malgré la pathétique réalité, mais pour un artiste sensé manier l’écriture, GCM, sous couvert de simplicité, de modestie, nous propose une soupe littéraire un peu tiède. Grand bien lui fasse si ce livre l’a libéré, s’il a pu sauver un peu d’espoir près des tables de chevets d’hôpitaux, de centres de rééducation. Mais il laisse comme un goût de facilité. 

Patients n’est pas une œuvre, il est fait pour ceux qui aiment lire la vie…

« T’es le Michael Jordan des fils de pute.»


 True Detective - Saison 1


Ce sont deux hommes, deux époques, quatre détectives. Ce sont McConaughey et Harrelson dans leurs meilleurs rôles au cinéma à la télévision. Les épisodes de True Detective sont des films à part entière. Aucune série –à ma connaissance, n’a cette ampleur, cette technique. Aucune n’utilise le plan séquence, n’embarque sa caméra si près de la détresse, si près de l’âme.
Nous sommes au-delà de la performance, nous sommes devant le talent. Le duo progresse, ces deux individus singuliers, contraires, vont s’échanger des émotions, partager des questions et des peurs.

True detective tapote d’abord doucement sur vos deux joues, puis y ajoute l’élan, laissant une rougeur dans votre esprit. Viennent ensuite les bonnes grosses claques, celles qui secouent, nouent les tripes, laissent vos yeux et bouche bés. Les séries préparent leur règne, bientôt souveraines des écrans. Elles étendent leur pouvoir par la violence. Tendez l’autre joue !

Avoir la tête plus grosse que son cul.

 

Girls - Saison 3

Les Girls deviennent adultes, se disent les choses une fois pour toutes. Sera-t-il suffisant pour supporter le poids lourd de l’égocentrisme de Lena… pardon, d’Hanna ?
Cette saison sera la dernière. Je poursuivais Girls avec un espoir, un espoir minuscule qui maintenait mon intérêt, le même espoir qui m’avait poussée jusqu’à la troisième saison de Skins. L’espoir d’une évolution, de prise de conscience et de consistance. Sauf qu’Hanna déboule dans chaque épisode avec la grâce d’un hippopotame, avec la finesse d’un éléphant, avec le charisme d’un animal énorme piétinant le monde sous ses pattes égoïstes. Il ne reste plus rien à Girls, rien d’autre qu’Adam à la voix étrange et rassurante. Le reste du casting s’envoie dans le délire le plus complet. Marnie devient  aussi antipathique qu’Hanna, Jessa s’étouffe dans un rôle insignifiant, seule Shoshanah traverse quelques éclairs de coups de gueule retentissants – sur le moment, avant leur étouffement entre deux egos.

Je regarde, mais je déteste. J’adore détester, donc je continue à regarder. Appatow, Dunham, pulls miniatures et bourrelets, du cul, des crises, basta les gars ! Voilà qu’aujourd’hui, je suis lassée de regarder, lassée de détester.