Métachronique

Métachronique

mercredi 24 juin 2015

La boîte à musiques.


A Lyon, le rap vit aujourd'hui une véritable renaissance dans la cage de l'Animalerie, collectif de jeunes écrivains inspirés. Parfois, il s'en échappe un qui vole de ses propres ailes, Kacem est de ceux-ci. Un oiseau de malheur à la plume virevoltante, un serpent assonnant qui se glisse entre les mots, les pique, les tord, en joue. Ce ballet allitérant s'allie aux instrumentales cuivrées de Guts (très actif sur la scène hip-hop du moment), entre jazz et raï, entre rap et chanson. Si Brassens avait 30 ans aujourd'hui, il porterait sûrement un petit chapeau et s'amuserait à jongler avec la langue française sur des beats hip-hop, il talonnerait Booba et Kaaris en ventes de disques, resterait loin des poélmiques et s'appellerait évidemment Kacem Wapalek !


 Ce serait un Fauve avec de la bouteille, qui nous enivrerait de son chant de mots parlés, d'avis enragés, passionnés. Ce serait un cri sur des guitares rock, une caresse sur des instruments en fanfare, une déclaration d'amour hip-hop. Le spoken word de Cabadzi a encore mûri, digéré, recraché. Des angles et des épines, voilà bien ce qui vous attend sur le chemin sonore que trace le groupe.


Le DJ caennais de 22 ans surprend avec son électro planante et épurée. La profondeur des basses et la délicatesse des mélodies font d'Opening un album contemplatif, un véritable dépaysement musical. 

Harder, better, stronger.

Nous y sommes, les séries sont reines ! Alors qu'HBO installait sa dictature du bon goût avec True detective, Netflix cherchait encore sa voix, Canal devait faire ses preuves... Aujourd'hui il faut se préparer au coup d'état du Bureau des Légendes, au coup d'éclat qu'est Bloodline.



L'atmosphère tendue du bord de mer de The Affair, les lourds silences contemplatifs de Rectify... Non, vous n'êtes pourtant pas tombé dans les filets d'une série copieuse, dans le piège de la ressemblance, car Bloodline a quelque chose d'unique, une ambiance singulière due à sa prise de vue sensible, baignée de naturel, qui capte, presque voyeuse, tout le poids que porte la famille Rayburn. Ce qui vous prend est bien plus que du suspense, c'est de la perversion : vouloir découvrir comment exploseront cette famille et ses secrets. A cela s'ajoute une enquête policière, des histoires d'amour vrillant avec le vent marin, de quoi harponner votre attention jusqu'au bout de ces treize épisodes prometteurs.

Nous sommes 50 ans après Chapeau Melon et Bottes de cuir ; le monde entier est dirigé par les séries américaines. Le monde entier ? Non ! Car un pays peuplé d'irréductibles scénaristes résiste encore et toujours à l'envahisseur...


Un casting brillant (Kassovitz, Drucker, Daroussin) s'installe dans les bureaux de la DGSE et nous propose une saison captivante, dans laquelle la politique est claire sans être naïve. Série presque didactique, le Bureau des Légendes est en tout cas une série à  part, qui a su trouver un ton, un angle de vue. Après une visite des lieux, le déchiffrement des termes, la présentation des procédures et marches à suivre, vous êtes fin prêts pour entrer dans le secret défense, vous êtes entre ses murs, un agent sous couverture... Sur le canapé, sous la couverture.

Fast and furiosa

Plein les yeux, plein les oreilles.
Concentré saturé de bruits de moteur et de musique mêlés.
Course poursuite épique dans la poussière sablée du désert.
Une route furieusement battue par les roues de bolides en tous genres, dans un rythme frénétique.
Theron, Hardy et Hoult se battent en chorégraphies travaillées, d'une franche et chaude violence.
Certains effets spéciaux virent au kitsch, parfois, dans une flamme jaillissante ou une explosion.
Apartés visuels grandioses : dans un mur de sable orageux, sous la lune bleue du désert nocturne.
Des scènes d'action par grandes cuillerées, jamais gavantes, on en redemande avec un appétit d'ogre.
Un bon film caniculaire, bricolé avec crasse et folie, qui ose aller jusqu'au bout de toutes ses idées.