Métachronique

Métachronique

vendredi 25 mai 2012

WTF??


Les recherches menant à ce blog sont parfois assez insolites. Voilà mon top 7 :

7 – « amours voilées scene sex »
6 – « garcon avec fille dans la baignoir nus »
5 – « comment se faire deflorer sans douleur »
4 – « exquise marie-louise »
3 – « marsupilami super u »
2 – « une ados baise papa »
1 – « onomatopée de prout »

Les gens sont tordus.

Collégienne aux bas Bleus de méthylène


J’écrirai la critique d’On the road lorsque j’aurais enfin lu cet énigmatique roman, celui qui, aujourd’hui comme autrefois, fait couler beaucoup d’encre et densifie les flots de parole. J’écrirai la critique De rouille et d’os lorsque j’aurais lu les nouvelles, parce qu’une adaptation cinématographique  n’est bonne que si elle renouvelle. 


 Comme Tom Ford a fait d’A Single Man un chef d’œuvre esthétique, une sublime et fragile peinture d’un homme au bord de sa vie, j’attends d’Audiard et de Salles la même audace, le même engagement, le même désir de création. J’ai vu les deux films, les deux m’ont plu avec une certaine retenue, celle d’une apparente facilité cinématographique (« Sing your own songs ! »), celle de traiter une histoire déjà vue (de rouille et d’os fait largement écho à la rencontre impitoyable du handicap physique avec le handicap social, déjà traitée avec un humour décapant dans Intouchables).


J’écrirais la critique de Cosmopolis aussi. Mais avant je dévore les dernières pages de la Chambre Obscure de Nabokov, où l’esquisse d’une certaine Lolita pointe le bout du nez. Là elle est Magda, jeune fille à la fois insouciante et manipulatrice, capable de la plus grande bêtise comme d’une malice perverse. Elle détruit pièce par pièce la vie trop bien rangée d’un homme sans courage, rêvant d’un peu de désordre grisant.

jeudi 24 mai 2012

M&Ms

Mary & Max est un poème cynique en pâte à modeler. Mary est une enfant seule d’Australie, elle n’est pas très jolie, risée de ses camarades. Tandis que sa mère se noie dans le sherry et que son père se tue à l’usine, elle entretient une singulière correspondance avec un vieil homme de New York, Max. Max aime le chocolat, mais n’aime pas les gens. Cependant, sa misanthropie n’est due qu’à la cruauté humaine, au contresens du monde. Il est le Candide de Voltaire à la naïveté plus rude.
Mary & Max est un très beau film qui, sous son apparente simplicité, soulève les thèmes profonds de la solitude, du suicide, avec un humour noir, abrasif, grave. 


« Je ne comprends pas comment le fait d’être honnête peut-être déplacé »

dimanche 20 mai 2012

Baby baby baby oooh

 
Anna emménage seule avec son jeune fils Anders, poursuivie par la crainte paranoïaque du retour de son ex-mari. Pour surveiller au mieux son enfant, Anna achète un babyphone pour calmer les nuits insomniaques. Mais elle entend bientôt, sur une autre fréquence, d’inquiétants cris d’enfant.
Noomi Rapace est incroyable en mère paumée et surprotectrice. Elle porte à elle seule le scénario de ses bras fragiles, elle illumine ce film à l’inquiétante atmosphère, d’un genre tout particulier, oscillant entre le drame étrange et l’effroi.
Si Babycall tend parfois vers la longueur ou la répétition, il est pourtant une très belle réalisation et filme habilement les invisibles déviances du réel vers l’imaginaire. Le suspense est bien tenu ; l’image froide, bleutée, appuie le doute, la déroute des personnages et des spectateurs.

Excuse moi miss...

 
Laura, rêvant de paillettes, de pop et de billets verts, s’inscrit avec une amie à un concours de miss. Mais en une nuit, tout chavire et Laura se retrouve otage d’un réseau de narcotraficants adeptes de la gâchette.
Miss Bala est le silence violent d’une esclave à la jeunesse flinguée. Il est criant de réalisme, peinture sanglante des cartels mexicains et leurs méthodes barbares, de leurs cœurs, leurs âmes perdus. Mais le mutisme de Laura est pesant, sa douleur insaisissable et le film se transforme progressivement en un très bon documentaire, mais s’éloigne de l’œuvre de cinéma, de la fiction, de l’émotion.



lundi 14 mai 2012

"Alors, viens faire toi-même le mélange des couleurs"

 
Vous étiez prévenus, vous ne verrez pas ce à quoi vous vous attendiez. La cabane dans les bois passe du film d’horreur classique à un délire surprenant. Le film mord franchement dans le fantastique, tout en giclées de sang horrifiques. Les codes, les clichés sont mis à mal avec une volonté de sortir poliment d’un moule qui aurait trop servi. Ils y sont tous, pourtant : la blonde allumeuse, le sportif populaire, la vierge intello, l’érudit en manque et le drogué anticonformiste. Cinq marionnettes rebelles d’un rite spectaculaire et finement structuré, cinq figurants indociles voulant en découdre d’un scénario de fil blanc. 


Vous prendrez bien une part...



Avalanche de blagues scatophiles et de situations scabreuses, nos cinq puceaux sont de retour !
Cinématographiquement sans intérêt, le film réconcilie pourtant avec la série des American pie, avec toujours plus de bite en cuisine et de références au passé. Moralement vide, le film amuse pourtant les plus réticents d’entre nous, parcourant nos vices les plus enfouis, les plus secrets. Alors évidemment, American pie 4 est lourd, gras, stupide et puéril, mais c’est tout ce qu’on lui demande.

vendredi 11 mai 2012

Tout cela ne serait pas arrivé dans un menhir !



Comédie modeste sur trois hommes ne faisant qu'un, sur trois générations de coeurs en vrac. Sea, no sex and sun est une gentillesse agréable, portée par des acteurs très vrais, entiers. Le film est servi par un humour discret et touchant.


Sea, no sex and sun est un film simple, qui fait du bien.

mercredi 2 mai 2012

Bêtes à fromage.

J'ai lu Richard Yates de Tao Lin comme on regarde un film, avec la même sensation cinématographique, bercée de mêmes émotions fortes, visualisant chacun des personnages avec une précision déconcertante.


Dakota Fanning parle avec Haley Joel Osment sur le chat Gmail. Ils vont se rencontrer et vivre main dans la main leur solitude 2.0. Dépossédés de prénoms réels, cachés sous des pseudonymes infantiles, les deux héros de ce roman singulier prennent soin l'un de l'autre, cruellement. La plume furieuse de l'auteur, répétitive, aux abords absurdes, écrit l'histoire profonde de deux êtres en marges. Richard Yates est un livre d'émotion, bouleversant et identificateur. Il pose à voix haute les thèmes de la culpabilité, de tous ces petits gestes que l'on fait pour l'autre et qui tombent finalement dans l'oubli ou passent à côté de son attention. Richard Yates doit être lu jusqu'à la dernière ligne car son intensité grandit au fil des pages, on apprivoise l'écriture étrange et sauvage de son auteur. On s'habitue aux personnages complexes de Dakota et Haley Joel et l'on rit de tout son corps à l'humour délicat de démence qui parfait leurs dialogues.
Extrait :

Haley Joel Osment a demandé si les fourmi légionnaires pouvaient manger un requin.
"Seulement s'il échoue sur le rivage. Elles savent pas nager.
-Est ce qu'elles peuvent manger Bruce Lee, a dit Haley Joel Osment.
-S'il se débat pas, oui, a dit Dakota Fanning.
-S'il fait que des roulades avant, dans une zone délimitée.
-Oui, dans ce cas. Je pense qu'elles pourraient le manger. La plus grosse colonie jamais rapportée faisait vingt millions de fourmis. Vingt millions de fourmis pourraient tuer Bruce Lee je pense.
-Je crois pas, a dit Haley Joel Osment. Une roulade avant peut tuer deux mille fourmis. Donc il a qu'à faire deux cent mille roulades avant je pense.
-Il serait trop affaibli par la douleur. Deux cent mille roulades c'est beaucoup, même pour Bruce Lee.
-Il peut en faire une à la seconde, a dit Haley Joel Osment.
-Au début peut-être mais plus la douleur augmentera plus il ralentira je pense. Elles peuvent grimper jusque dans ses oreilles et commencer à lui détruire le cerveau aussi. Les roulades peuvent pas empêcher les fourmis d'accéder à son cerveau.
-Bruce Lee peut plier les oreilles pour broyer les fourmis. Est ce que t'as vu le film sur la vie de Bruce Lee.
-Non, je l'ai pas vu, a dit Dakota Fanning.