Métachronique

Métachronique

lundi 12 mai 2014

« Is it not a real relationship ? »


Samantha a pris corps. J’ai vu la bouche pleine de Scarlett Johanson dans l’éclat de son rire rocailleux ; j’ai vu ses hanches rondes, ses courbes incitantes, dans un triolisme sensoriel. Sa voix est tant incarnée qu’elle prend forme dans notre esprit, elle est là, allongée aux côtés de Théodore, embarquée avec lui dans un tourbillon ivre. Elle est là comme une femme qui ne serait pas un système d’exploitation, dans un couple aux préoccupations universelles.

Her est une version esthétique et brillamment rédigée d’un 500 jours ensemble croisé avec du P. T. Andersen, une sorte de sublime romance glacée par le désenchantement du réel. Her est une redite avec plus de panache et de retenue, de la tendance humaine à communiquer par procuration.
Loin du futur froid et mécanique des films de SF, le réalisateur crée un univers rétro, un avenir obsédé par le passé, où la mode est aux pantalons taille haute et aux lettres manuscrites.

Deux êtres tellement « nous », Rooney Mara et Joachim Phoenix, deux êtres tellement envisageables, Theodore et Samantha, Her est plus un film sur eux que sur elle, plus un film sur le couple qu’une critique de l’individualisme technologique. Her est intelligent, drôle, triste, beau dans sa laideur, sous sa moustache… Vous pensez à du réchauffé, à du déjà-vu, mais c’est troublant d’originalité.

dimanche 11 mai 2014

Printemps en séries.

 
Francis Underwood revient, plus méchant que jamais. Le criminel politique au cœur de plomb, ayant attiré contre lui les foudres de ses collaborateurs, se fait maintenant tirer dans les pattes. Invincible roseau, il plie, mais jamais ne rompt face au chêne présidentiel et aux journalistes trop curieux. Le plus fragile n’est pas celui que l’on croit. 

Jeux de pouvoir et de domination, jeux dangereux, voilà à quoi se livrent tous les personnages de cette seconde saison, plus complexe, plus politique, plus violente. Robin Wright rayonne de charisme et nous offre un épisode mémorable (S2E4) ; les rôles féminins - plus généralement – s’étoffent, s’enrichissent. Malgré leurs courtes robes, les femmes ne se laissent pas marcher sur les pieds.
Alors que la série s’ouvrait l’année passée sur une répartition de l’intrigue déséquilibrée, sur des épisodes flottants, incertains, on savoure désormais le suspense et les rebondissements de cette deuxième saison qui nous mène par le bout du nez. Parfois dure, souvent surprenante, House of cards remonte les manches et se jette dans la mêlée des grandes séries. 



 Sarah est une orpheline paumée, embourbée dans une histoire d’amour aussi violente que vaine. Sa vie va prendre un tournant inattendu lorsqu’elle assiste, sur une voie de métro, au suicide d’une jeune femme qui lui ressemble étrangement. Elle s’empare alors de ses affaires laissées sur le quai et décide de se faire passer pour cette jumelle disparue. Elle qui cherchait un peu d’argent pour changer de vie, va découvrir bien plus qu’elle ne l’avait imaginé.

Le scénario d’Orphan black séduit, inquiète, puis enfin il convainc. La première saison s’achève et voilà qu’on en voudrait encore. Un peu. Beaucoup. Tatiana Maslany se dédouble, se déguise, jamais véritablement attachante, elle a pourtant en elle quelque chose d’hypnotisant. Epaulée par Jordan Gavaris, génialissime en frère-poule gay, on la suivrait partout, on y passerait toute la journée pour connaître la suite. Leurs découvertes et les diverses enquêtes entrelacées font de cette série une bonne petite gourmandise des week-ends pluvieux, sans pour autant tomber dans la facilité. 

Orphan black cherche sa place et s’impose. Une belle série d’aventure flirtant avec le fantastique, laissez-vous prendre au jeu.