Métachronique

Métachronique

vendredi 30 novembre 2012

Men of the moon.


Partons un moment, en Corse ou sur la Lune, dans le passé ou dans une voiture. Partons, bien entourés d’un trio d’acteurs parfaits, dans ce film léger et spontané. Comme des frères est une comédie terriblement drôle, portée par l’ingénuité de Pierre Niney et la fragilité rugueuse de Nicolas Duvauchelle. Mélanie Thierry joue à merveille le fantôme bienveillant, elle est aussi solaire que son sourire est addictif. Partons dans ce road-movie aux dialogues naturels, aux exquises réparties, aux situations tendres.

Oui, on peut faire des bons films avec des bons sentiments.

jeudi 22 novembre 2012

L'affaire Lively Blake.

 
Je cracherai des heures sur Blake Lively.
Savages m’en donne la plus belle des occasions. Ouverture en noir et blanc sur la grande blonde contrastée alors qu’arrive en off sa voix désarticulée. La voix de Blake Lively est une guimauve, pinky et sucrée mais terriblement molle. Le reste du casting est sans fautes : un trio au bord du has-been (Hayek-Travolta-Del Toro), un duo trempé de l’eau turquoise de la jeunesse (Ben et Chon), et ils s’amusent comme des gosses dans des rôles survoltés. Violence, sexe et couleurs saturées.
Côté scénario, Oliver ne s’est pas foulé. L’histoire sent les pages de Don Winslow et les dialogues sont ridicules. La fin est stupéfiante de bêtise et le film s’achève comme il a commencé, sur des gros plans solaires de Blake Lively qui débite un texte creux de sa voix de sirène toxicomane.

mardi 20 novembre 2012

Parlons d'injustice.


Dernièrement très utilisée au cinéma, la persécution d’innocents a le vent en poupe.
Le sublime Broken, l’étrange Despues de Lucia et la Chasse, fraîchement sorti en salles, tous trois s’acharnent sur un personnage respectable.



Dans la Chasse, Mikkelsen garde la tête froide, se bat avec honneur contre la parole d’une petite fille contrariée, contre la réaction démesurée de parents manipulés. La chasse est un grand film ravalé, auquel il manque un cri, une révolte hurlante contre l’injustice, contre un crime improuvé. Tout est trop silencieux, comme soumis. Mais les acteurs sont tous incroyables, de la plus jeune au plus vieux, pathétiques ou détestables, bienveillants ou haineux. La photographie est superbe et les couleurs automnales réchauffent cette histoire glaciale. 



Mais j’ai été bien plus révoltée par une autre injustice et je la nommerai Palme d’Or.
Toute l’audace, la poésie, la technique et la mise en scène qu’il faut mêler pour obtenir un bon film de cinéma, cette année, étaient dans Holy Motors. Alors pourquoi récompenser un film trop écrit et trop joué, vu et revu, aux dialogues bourrés d’abominations ? Pourquoi récompenser à nouveau Haneke qui ne doit savoir que faire des éloges, et ne pas souligner l’audace et le talent fou d’un génie oublié ?
Cette année, mon véritable Amour sera Carax, mais dans la balance de la subjectivité, la folie ne fait pas le poids.



vendredi 16 novembre 2012

Stupeur et tremblements.

 
Le cinéma est d’abord affaire d’image.
Je suis sortie de Rengaine avant la fin, prise d’une nausée insoutenable. Il est presque insolent de bâcler ainsi un long métrage. Trop gros plans et image dégueulasse de caméra amateur. Le cadreur devait être un aveugle, pris de spasmes. Ça bouge sans arrêt, c’est flou et la gentille histoire qu’on nous raconte est salie par une réalisation incompétente.
Le cinéma est d’abord fait d’images.
Rengaine n’est pas du cinéma.

lundi 12 novembre 2012

Sauvé, Willis!

 
Après l’interminable « sans issue », Bruce Willis s’enfonçait dans le navet survolté, dans le film d’action bas de gamme. Et le voilà rajeuni, jouissant d’un lifting temporel en forme de Joseph Gordon Lewitt (méconnaissable), et dégommant, dans le présent, des hommes du futur avec un tromblon.
Looper a le seul défaut d’être un peu trop propre, mais nous offre un spectacle haletant de boucles temporelles. Elle fait du bien cette science-fiction dosée, sans trop de poudre aux yeux ; elle sent la terre et les champs de maïs. Le scénario solide et sans chichis est mené par des acteurs « nature », Paul Dano et Emily Blunt (radieuse) dans un parfait contre-emploi.
Le film est long, mais le film est bon, beau et rythmé, cohérent, clair. A la hauteur de son succès.

S I N _ _ _ E _

 J’ai eu peur au cinéma. La vraie frousse, où tout ce qui me passait sous la main a fini devant mes yeux tremblants. J’ai partagé mes sursauts avec toute la salle, les vrais sursauts spontanés et bruyants qu’on essaie de camoufler.
Sinister fait peur, il prend aux tripes, au cœur. Le film, martelé par le bruit de la bobine en super 8, avance à tâtons dans une photographie sombre et sophistiquée. Le scénario est clair, parfois trop, mais ne se perd pas dans des délires abyssaux. Entre une enquête terrifiante, des séances de ciné vintage et de superbes déambulations nocturnes, Ethan Hawke sombre dans une folie à la fois effrayante et terriblement humaine.