Métachronique

Métachronique

mercredi 30 juillet 2014

Du "Bon Temps" en Louisiane

Une ville de beaufs est envahie par les vampires, les fées et autres personnages magiques... True Blood jouit d’un scénario original, une sorte de Twilight sans tabous où l’on tue, où l’on baise, où coulent des larmes rouges et où saignent les clichés.

La série se clôt cet été sur une hépatite, une robe à paillette et autres fantaisies. Jamais conventionnelle, elle ose des situations hasardeuses, des retournements de jambes et de situations. Les acteurs incarnent tant leurs personnages qu’ils ne font plus qu’un, tous touchants dans leur maladresse ou superbes dans leur rage. Pour qui aura le courage de dépasser l’affreuse saison 2 et d’aller jusqu’aux géniales et décomplexées saisons 5 et 6, ce petit bijou engendré par Alan Ball trônera parmi les meilleures séries de son classement. Sensuelle sans tomber dans le racoleur, avec un générique des plus réussis de ces dernières années, True Blood a su perdurer, survivre jusqu’à une fin bien méritée et parfaitement ajustée. Un joli bout de route chez les sexy-ploucs.


lundi 14 juillet 2014

I(n)solation room

 
Le soleil cogne sur des corps d’adolescents, sur leurs tempes perlées, sur leurs bras terreux. La canicule pèse sur leurs dos robustes, ils respirent la poussière. Coups de feu, coups dans le ventre et un crachat de sang. Des aiguilles sous les ongles, la violence sans pudeur.
Vincent Grashaw, producteur de l’indigeste Bellflower (critique ci-dessous), a eu le bon goût de ne pas s’en inspirer. Dans Coldwater, la photographie est soignée, les acteurs jouent avec sincérité et cette violente dénonciation des centres de redressement ne laisse pas indifférent. Jouant sur une construction simple, sur un rythme un peu éprouvant, le film montre. Il montre en silence l’évolution psychologique de gamins qui n’ont pas le choix. Marche ou crève.
Entre petits jeux d’humiliation et pur sadisme, ce huis clos à ciel ouvert vous enferme. Vous êtes Brad, vous êtes le joli petit nez, le joli petit cul de P.J. Boudousqué et vous aussi, vous voulez cogner l’injustice, frapper votre haine, refaire le portrait de ceux qui vous privent de votre jeunesse. Et puis doucement, vous rentrez dans les rangs… Pour mieux y échapper ?

Malgré une fin discutable et quelques imperfections, Coldwater est un premier film réussi et marquant.

jeudi 3 juillet 2014

Il n’y aura pas de survivants.


Surexposons des plans, filtrons-les outrageusement, salissons-les de cambouis et négligeons la mise au point, ce sera crazy fuckin’ cool, voire même awesome dude ! Armés de quatre mots de vocabulaire et d’un lance-flamme, roulant à bord d’une caisse pourrie, deux gars perdent leur temps –et le notre par la même occasion.

La génération dépeinte dans Bellflower brûle tout espoir. Les femmes mangent des criquets vivants, elles aiment qu’on les violente un peu trop, la souffrance les excite, elles sont creuses comme des puits sans fond. Ces messieurs rêvent de fuir, des rêves de gosses, de voitures, de drogues, sexe, whisky et flammes. Des ados dans des corps de grands. Ils cueillent l’argent du ciel, ils fument, baisent et pleurent, passent 1h40 à gâcher leur vie et à brûler des trucs. Génération perdue.

Le tout servi avec un supplément de musique à vomir, merci J. Keevil.

mardi 1 juillet 2014

Des yeux qui crient au fantasme.


Une extra-terrestre se glisse dans les formes généreuses d’une belle brune à l’appétit dévastateur. A bord de sa camionnette, elle séduit des hommes de passages avant qu’ils ne se fassent engloutir par le sol mouvant, très noir et très laqué, de sa maisonnette –décorée avec bon goût. Elle roule, il monte, elle l’attire chez elle, il coule dans une mare toute noire, elle se rhabille, elle sort, elle roule. N’importe quoi me direz-vous ? Oui, vraiment n’importe quoi.

Si la beauté d’Under the skin est à couper le souffle, jouant habilement avec lumière, son propos est quant à lui bien sombre. Usant de « références » peu habiles à un cinéma d’auteur complexe, cette resucée de 2001… version topless et mare de pétrole perd vite de son intérêt. Le film est une sorte de projet de vidéaste arty, sauvé par le full frontal de Johansson et le mythe qu’elle s’érige tranquillement, fantasmatique, tant en latex moulant (the Avengers) que dans son absence (Her). Hypnotique Scarlett. Détestable Jonathan.

Dans le style pas très clair et visuellement époustouflant, Léos Carax a plus de talent, plus d’audace et plus d’intelligence. Là où Holy motors était un chef d’œuvre, Under the skin n’est qu’un brouillon, une copie bâclée.