Métachronique

Métachronique

dimanche 30 décembre 2018

Peux-tu citer une seule chose entre nous qui ne soit pas complètement idéale ?




Ça c'est de l'amour. Celui auquel on n'échappe. Un genre de coup de foudre qui électrise toute une vie, une flamme incessante, gonflée ou minuscule, mais là, à jamais. Ça c'est de l'amour, quand cette pute de vie passe par dessus, mais n'arrive même pas à pourrir les choses, quand rien ne se ternit, jamais.

Deux personnes, deux êtres sublimes et rien qu'eux. Une maladie, deux enfants, le meilleur comme le pire... Ils s'aimeront malgré tout, parce que c'est tout ce qui importe, parce que l'amour c'est tout, c'est leur raison de vivre. C'est la raison de vivre. Survivre.

Jamais mièvre, jamais mielleux, jamais niais, toujours vif, puissant, Mon désir le plus ardent est juste une histoire d'amour, du vrai, celui auquel on rêve tous sans se donner les moyens de le vivre, celui qu'on jalouse, celui dont il ne veut pas, celui qu'elle vit trop fort, celui impossible, on n'y croit pas, foutaises, le mien, le tien, mais le seul, celui qu'on ne croise qu'une fois dans toute une vie.

Celui qu'on ne laisse pas passer.

"Ravagés. C'est le seul mot qui commence à s'en approcher. J'aimerais parler une langue étrangère, connaître un verbe que je pourrais conjuguer à l'infini. Je l'ai ravagé. Il m'a ravagée. On s'est ravagés. Dévoragés."

mercredi 28 novembre 2018

A Suzanne Clément (cœur avec le cœur)


Oh Suzanne,


A chaque fois tu me fais le coup ! Tu joues ton second rôle comme un premier, tu joues comme on vit, avec l'intensité d'une femme blessée, ivre, heureuse, avec une profondeur qui fait froid dans le dos. Tu es sublime, grande, bouleversante. 
T'es belle, Suzanne, avec ton visage lisse et carré, qui se plisse dans les sourires et la colère, tes cheveux courts de femme forte, ton corps tendu, vif, chancelant. Et ta bouche qui s'écrie, et tes silences qui hurlent. 
Je t'aime, Suzanne, j'aime ces rôles que tu endosses avec grâce, ces femmes que tu joues avec ferveur et exactitude.
Le film aussi était bien, mais les autres à côté font pâle figure. Le film aussi était gênant, vrai, juste. Aussi juste que ton jeu. Ton jeu aussi juste que celui du film. Un jeu dangereux, sur la corde raide, équilibré de moments drôles et d'autres déchirants, de coups d'éclat, d'éclats de rire, de voix. Ce film dont il ne faut rien dire pour ne pas le gâcher... Alors je parle de toi. Parce que je ne peux rien te cacher, je t'aime pour tout ce que tu es, Charlotte ou Kyla, pour toi Suzanne, qui vit derrière chacune, derrière ton jeu, excellent.

dimanche 11 novembre 2018

Cul sec.



Je veux de l'écriture balancée comme Cathy Galliègue, dans ses mots sensuels, acérés. De l'écriture comme on boit, trop, seule, en sombrant dans le leurre. De celle qui ne soigne pas, ne fait rien oublier, qui exacerbe, qui rappelle, rend triste et coupable, qui soulage, oui, un instant, une soirée, une page ou deux et puis qui pique, le lendemain, gueule de papier, quand on a trop bouffé la feuille ou fini la bouteille. Quand on relit notre peine dans des mots qu'on n'aurait pas dû. Non. J'aurais pas dû l'écrire. Le penser. Le ressentir. Je veux écrire comme Cathy Galliègue, un texte court, dense, à l'âpreté addictive des tannins, sur un sujet simple et fort, sur la vie quand elle dérape, quand elle glisse sur le verglas. Écrire avec ces mots du soir, ceux-là les malheureux, les mélancoliques, fatigués. Ça, j'en veux ! 


lundi 8 octobre 2018

Tomber cinq fois.


La vraie vie d'Adeline Dieudonné
Simple de Julie Estève
Photo de famille de Cecilia Rouaud
Trancher d'Amélie Cordonnier
Tenir jusqu'à l'aube de Carole Fives

Sur la musique incroyable d'Ann O'Aro...

Ils ont trouvé les mots. Elles ont, plutôt. Car ces femmes ont formulé, en mots ou en images (et peut-être même en musique), des sensations, des moments, des choses et des êtres comme jamais et ma plume et mon œil ne le feront. 
Elles ont écrit la violence, la simplicité, l'espoir bafoué, le courage qu'on tient et puis qu'on perd en un seul verre, en un seul battement de cœur. Ce monde qui s'ouvre sous nos yeux et sous nos pieds quand on prend la peine de les ouvrir (les yeux, les pieds et le cœur).
Elles sont respectables, talentueuses et fascinantes, ces femmes qui prennent la plume, qui abordent la vie telles des pirates lucides et poètes.
Trancher m'a plaquée au sol, dans des souvenirs violents, dans des paroles loin d'être en l'air. La vraie vie m'a captée par son écriture vive, gorgée d'espoir et de douleur. Le viol de l'innocence. Photo de famille m'a plongée dans la mienne, dans nos travers d'êtres humains, faibles, timides, insupportables, lâches et tendres. Simple m'a touchée par la force de sa bêtise, la beauté du naïf, la véracité du terre à terre, du premier degré, par l'incroyable joliesse des mots cons et maladroits. Tenir jusqu'à l'aube m'a emportée dans le tourbillon de ce que je ne serai jamais : mère, et dans ce que je serai toujours : seule. Les mots simples de Carole Fives résonnent encore en moi comme un avertissement. Et Ann m'a prise toute entière, le corps, le sexe, l'esprit, sans permission, sans prévenir, avec un plaisir inouï, elle m'a bouffé les oreilles et le cœur, elle m'a envoûtée avec sa voix tellement vraie, son maloya si pur et salvateur.

La rentrée littéraire, cinématographique et musicale m'a prise toute entière, dans mes souvenirs, mes sentiments et dans cette écriture que j'ai délaissée, mais que je prends plaisir à posséder à nouveau avec ivresse et ténacité. Avec passion, tristesse et incessance. Avec amour. Tout simplement.



mardi 21 août 2018

"Chaque imperfection, chaque cicatrice est l'élaboration inimitable de ta beauté."



Une lecture est un voyage. Parfois enchanté, amusant, lumineux et parfois non. Parfois c’est violent, éprouvant, c’est plein d’égratignures, de coups de feu ; il faut ramper entre les lignes, ravaler ses larmes, il faut du courage pour aller au bout, pour affronter les marées, les nuits sauvages et les autres. My absolute darling est de ces lectures-là. Celles qui bouleversent, qui laissent des cicatrices, mais qui chamboulent à tel point qu’il est impossible d’en oublier un seul mot, d’en oublier les descriptions délicates et scientifiquement poétiques d’une nature immense, hostile, les scènes rudes entre un père et sa fille, leurs dialogues comme des détonations – meurtriers, et la beauté de Turtle, cette gamine de quatorze ans qui préfère les forêts et les plages aux bancs de l’école, son couteau et son fusil aux poupées, cette gosse qui cherche la force, tout au fond de son cœur de Croquette, pour quitter ce foyer destructeur. Un voyage aussi difficile que sublime, une lecture qui chamboule jusqu’au plus profond de soi.

dimanche 17 juin 2018

Vincent et Mélanie.




Comme dans la vie, la putain de vraie vie, j’ai eu mal au bide, j’ai versé des larmes amères. Ce ne sont pas des visages d’acteurs que l’on observe, qui vous gueulent au visage, qui crachent sur l’injustice dont ils sont victimes, mais bien des amis, des parents, des frères et sœurs, des voisins, des gens quoi. Des gens comme vous et moi, humains jusqu’à la moelle, qui se battent pour le rester, pour rester dignes, pour survivre.

"En guerre" est une éprouvante immersion dans la réalité, dans le combat vital de valeurs contre la connerie de ceux qui s’en foutent. En guerre est un film dur, un film important, un miroir fidèle et sans concession de ce qu’est le monde d’aujourd’hui. Celui dans lequel naissent encore des enfants, celui qu’on leur laisse, qu’on leur forme, qu’on balance sans pitié dans leurs petites pattes innocentes. Démerdez-vous avec ça !

Comme dans la vraie vie, c’est noir, sans grand espoir, les hommes, les femmes se divisent, s’allient, ne font qu’un ou se renversent, l’humain prend cher, il souffre, mais il tient bon. J’ai encore des larmes et de la rage au bord des yeux, je les aurais bien emmenés jusqu’à Agen...

lundi 7 mai 2018

"On se sent aux lèvres un baiser qui palpite là, comme une petite bête..."



J’ai pleuré toutes les larmes de mon cœur, de ce cœur qui aime et qui souffre, de ces cœurs qui battent si fort les uns contre les autres, en silence ; qui se battent si fort contre une vie qui les malmène, contre l’amour qui les torture.

La beauté de Call me by your name est dans le temps qui passe, lentement, dans l’éclosion des sentiments et des douleurs. La beauté éclate dans toutes les langues, se dore sous le soleil brûlant de l’Italie, se prélasse sur des corps qui se cherchent, qui se trouvent, se perdent ou s’abandonnent. La beauté se niche dans les dialogues délicats, dans le flou si doux de l’interdit et du caché, dans la représentation si naturelle, si vraie, de l’élan amoureux. La beauté prend le nom de l’autre, se donne à lui toute entière.


Le film est fait de lenteur et d’instants, d’éclats de justesse, il dit l’ineffable dans sa photographie fragile. Il transpire de subtilité, de moments de grâce qui sauront marquer les mémoires cinématographique et émotionnelle. 

jeudi 12 avril 2018

"Même en sarouel, je suis sexy."



Jouissif de justesse et de naturel. La deuxième saison d'Irresponsable est finie et c'était si bon. Pour tout avouer, j'ai complétement oublié la saison 1. Je ne me suis souvenue que de cette impression de vrai, de flemme, de régression. J'ai ri fort, toute seule, comme si personne ne pouvait m'entendre, comme si c'était un peu honteux, comme un plaisir coupable qui ne l'est même pas. Irresponsable est irrésistible, Irresponsable l'est totalement, Irresponsable est cathartique, libère, soulage. Et si la vie, c'était ça : des imprévus, des erreurs, des conneries qu'on répète, de la weed qui se consume, des mensonges insouciants, de la honte, un peu de gêne, du chagrin, l'adolescence et en sortir, et puis rire parce que ça soulage de tout. Rire parce c'est con, ça fait du bien, c'est débile et génial. Juste rire. 

Une série qui défonce comme un joint, qui grise comme quelques verres, qui éclate comme une bonne baise. Une série qui fait plaisir.