Métachronique

Métachronique

samedi 15 octobre 2016

Y tu mama tambien

L'insoutenable incommunicabilité des êtres

C'est le bal tragique de mots qui fusent, d'émotions ravalées, de ce qu'on exprime chacun avec maladresse. C'est l'histoire pathétique d'un repas de famille que l'on a tous vécu, entre le bonheur absolu et le malaise général bouilli dans la canicule. 
Dolan magnifie la banalité, il honore le populaire et filme, avec une extrême sensibilité, tous les mots qu'on ne sait pas se dire. Entre gens qui s'aiment. On ne les dit pas parce qu'on a peur, ou pas le temps. Parce que les autres... tout simplement.

jeudi 4 août 2016

5 à la semaine !


L'aventure Métachronique ne s'arrête pas là...
Vous pouvez désormais retrouver mes articles musique sur le tout nouveau 5 à la semaine.



Ce blog regroupe les chroniques de Julie et Lucas, deux passionnés de son et de musique chacun à sa façon. Et c’est justement le point de départ : une volonté de faire découvrir de la musique, pallier aux propositions algorithmiques par du choix humain. Comme quand deux personnes s’échangent leurs derniers coups de cœurs lors d’une soirée, d’une aprèm, d’une écoute. Il nous permet de mettre par écrit des paroles qui nous ont touchées, des mélodies qui nous bouleversent, des sensations musicales fortes, avec l’espoir de vous transmettre toutes ces émotions. Car la musique est difficile à cerner dans son effet sur nous, et sur vous.

Le principe est simple : une chronique par jour de la semaine, du Lundi au Vendredi. Le samedi vous trouverez une playlist regroupant nos morceaux préférés des albums de la semaine. Et dimanche, pour les réveils à rallonge, pour les journées gueules de bois ou pour accompagner vos barbecues, nous vous concoctons une playlist «découverte totale».

A bientôt, ici ou là...

mardi 19 avril 2016

Au malheur des Ogres


Ils sont affamés par la vie, gourmands d'énergie. Ils avalent dans leurs bras géants, engloutissent dans leurs cœurs immenses des cuillères démesurées de folie. Des ogres fous. Des ogres tendres et pathétiques, inadaptés, se cachant hors des limites. Des clowns tristes qui en font tout un cirque, ils accumulent les ratés, les déboires, boivent, reboivent et puis reboivent encore. Quand ça devient sérieux, il y en a toujours un pour balancer de la semoule ou une blague grasse, grave. Ces ogres impertinents nous racontent une histoire tragique de famille, au son de l'accordéon. Les acteurs crèvent l'écran, ils font du cinéma vivant, ils sortent tranquille de la toile sans demander la permission et foutent le bordel dans la salle : des larmes sur vos joues que tranchent des éclats de rire, ils s'assoient sur vos genoux, écartent vos jambes pour vous exciter, font chanter vos sourires, vous murmurent à l'oreille qu'ils vous aiment et que vous êtes quelqu'un. 

mardi 15 mars 2016

Une si belle promesse.


Elle a quelque chose d'une sœur Casady en fuite, Emily Wells. Sa voix virevolte entre l'enfantin et le lyrique, un musée de variations dans lequel on déambule, conquis. Elle ose une ouverture comme un adieu, sur lequel pleure son violon déchirant. Une entrée en matière de 7 min 30, qui empoigne par le col et serre la gorge. Elle laisse traîner sa voix fantomatique de petite fille disparue sur des productions adultes et profondes. Ses chansons sont hantées par une géniale âme sans âge, pendue à la folie et au talent. 

Le morceau "Pack of nobodies" électrise ce début d'album avec des pics incroyables - dans les graves avec des tambours qui marchent droit et dans les aigus avec un violon survolté. On y retrouve le piment hip-hop qu'Emily Wells dose si bien.

"Take it easy" apaise pour mieux surprendre avec sa montée en puissance, escalade vers le ciel, vers le paradis musical. Ecouter ça et mourir. Ou pas, il reste encore une moitié d'album avant le septième ciel. Une moitié riche en beauté pure, illuminée par le blues unique de "fallin in on it", les guitares sensuelles d'"antidote" et ses cordes en bouche à bouche. Reste enfin la fureur majestueuse du morceau épique qui clôt cet aparté musical avec les anges. Bianca et Sierra font pâle figure.

jeudi 25 février 2016

« Abandonne ceux qui s'abandonnent »


Criant le vrai, Maïwenn revient. Elle filme avec pudeur comme il est dur d'être grand. Parce qu'aimer c'est rire beaucoup autant qu'on pleure. Un jour, on touche les étoiles à pleines mains, quatre mains et le lendemain tout vole en éclats, de verre, de voix, en éclats d'âmes.

Cassel est parfait en roi acteur, menteur, à la fois despote, manipulateur et séduisant, vivement capricieux. Gros roi bébé. Sexy. Bercot est absolue, tellement réelle dans ses fêlures, dans son amour aveugle et dans sa dépression. Et puis l'enfant, dans la tourmente.
On se désole, on voit venir le piège, on voudrait sauver Tony des griffes de son roi des connards. Le film prend aux tripes parce que les acteurs sont tous d'une perfection égale, raffinée, magistralement dirigés par la baguette magique de Maïwenn. Du coup, on plonge dans une histoire bouleversante de vérité, crédiblement dangereuse.


Un film sans morale, amoral, sur l'amour sans issue, sur ce qu'on croît être de l'amour quand on s'est fait avoir.

mercredi 17 février 2016

Fréquentations douteuses...


Course poursuite carnavalesque, jeu de jambe entre les squelettes et les fleurs de crépon. Puis une image baignée dans l'or. Un jaune ambré dans lequel se découpent des ombres et des costumes sombres. Une lumière dorée drapée dans la nuit noire.
Somptueuse entrée en matière, comme toujours, même si la scène de l'hélicoptère m'a rappelé la tour Montparnasse infernale – pas bien sérieux tout ça.
Viennent ensuite les 2 heures infinies d'un spectacle d'acteurs défraîchis. Waltz est sous-employé, Craig a perdu de son panache, Bellucci a juste vieilli et Léa Seydoux... La JBG, parlons-en. James Bond little girl. Seydoux n'est pas une femme, elle a le charisme d'un enfant, d'une petite peste de 10 ans. Son élégance est d'une sournoise froideur. Elle aurait plutôt sa place dans les bottes d'un vilain méchant. Quand elle est apparue à l'écran, j'ai eu comme l'envie soudaine de rédiger ma liste de courses. Même dans Mission Impossible, Tom avait une meilleure James Bond Girl (quoiqu'il y avait aussi Léa Seydoux, fichtre!).

Sam Mendes est en fin de course sur ce canasson-là. Qu'il passe le relais, histoire de rafraîchir le mythe. Un nouveau souffle à base d'Idriss Elba en nœud pap', de McQuarrie au scénar, de Laura Mvula au générique et de Rachel Weisz à poil dans les bras de James. Point final.

MLF, SPA, même combat !

Le péril jeune, c'était surtout des mecs, à la même époque, avec les mêmes manifs survoltées et la même musique : Janis rythmant les débats. Mais ne pas porter de sous-tif, même quand on est Cécile de France, ne remplacera jamais Chabert et Tomasi.
Dans la belle saison, Izia est une campagnarde lesbienne qui déboule dans le Paris des années 70 et tombe amoureuse de Cécile de France, hétéro féministe. Comment cette dernière peut se transformer en lesbienne rien qu'en un baiser ? Moi non plus, j'ai pas très bien compris, mais on y croit sans avoir envie d'y croire, parce que les actrices sont toutes tellement justes. Si l'image est à revoir, à refaire, en tout cas à jeter, le casting et la mise en scène sont tout simplement parfaits. Pas une fausse note, pas d'excès, c'est brut, c'est franc, ça fait un bien fou. Malheureusement, le scénario n'a rien d'original, seules quelques répliques bien senties regonflent d'intérêt cette romance un peu plate.

-Vous avez pas baisé vous peut-être ?
- Si, mais j'faisais attention !
- Mais comment ?
- On savait se débrouiller.


Le problème majeur de ce film mineur est que la réalisatrice ne sait pas filmer les femmes. Zéro sensualité dans les mouvements de caméra, aucun travail dans la composition des plans. Si au moins cette amourette avait joui de beaux instants de contemplation, d'une esthétique frappante... mais ici, rien que la fadeur d'une photographie sans couilles. Non merci.

vendredi 29 janvier 2016

Time is money, money is power, power is pizza, and pizza is knowledge, let’s go!

Je suis tombée amoureuse de Leslie, d'Ann, Ron, Andy, de Donna et Jerry, de Tom, d'April, de Mark, je suis tombée amoureuse de neuf personnes, d'un coup. J'aime tout chez eux : leur humour, leur fragilité, leur cynisme ou leur naïveté. Je suis tombée amoureuse de neuf losers aux grands cœurs, avec toute la passion que cela peut comporter. Ils me manquent quand ils ne sont pas là, l'addiction ne cesse de grandir, d'envahir mes pensées. Voilà, j'ai découvert Parks & Recreation et j'ai dit adieu à ma vie sociale.

J'engloutis les saisons avec appétit, elles me régalent. J'avale de travers mon petit déjeuner dans un pouffement de rire, j'éclate en sanglots dans le noir de la nuit qui tombe, je veille les yeux béats, la fatigue partout sur mon visage, pour ne pas les quitter. Et chaque nouvel arrivant – Ben, Chris, me séduit encore plus ; je les ai dans la peau.


Je vous laisse, j'ai un rencart... avec Leslie et Ben, Ann, Ron, Andy, Donna, Jerry, Chris, Tom et April. Je reprends vie dans 65 épisodes.

mardi 19 janvier 2016

"It's a mad world"

A chaque fois que je regarde Skins, je me perds entre un ennui profond et la réelle émotion. L'émotion qui tire des larmes, qui déchire le cœur ou l'agacement pur, la révolte face au vide.
Un personnage me bouleverse, un autre me dégoûte.


Après avoir capitulé pendant la dernière génération, toujours plus clichée et faussement représentative – rien à sauver, je ne pensais pas remettre un jour les pieds dans cette série.
Puis la curiosité m'a envahie. Septième saison. Retour des anciens. Effy, Cassie et Cook dans l'impitoyable Londres, dans une Angleterre dégueulasse. Retour des égoïsmes, des violences, des vieux ados qu'on avait suivi, mi-gêné, mi-indécis, dans leurs saisons respectives.

La partie Effy est juste hypnotisante et pourtant terriblement idiote. Le dénouement côté Cook n'en finit pas, on a envie de leur gueuler des insultes, de leur apprendre la vie, d'en finir. Surtout d'en finir. Et entre les deux, il y a Cassie. Comme une respiration. Ils ont saisi, avec ce personnage, toute la solitude d'une génération. Deux épisodes qui font du bien et tellement de mal. Un sac de flèches, plantées une à une dans le cœur, avec précaution, aux bons moments. C'est puissant, j'ai versé assez de larmes pour remplir la mer d'Aral. Et ces larmes étaient coupantes, de vérité, celle qui écorche les joues.


Le problème, avec Skins, c'est qu'il faut tout endurer pour apprécier ces instants à part, enlevés. Il faut se farcir les poncifs et le délire mégalo des réalisateurs pour découvrir qu'ils ont des choses à dire, qu'ils cachent de sublimes pensées sous une énorme couche de merde.