Métachronique

Métachronique

vendredi 28 septembre 2012

True Story

 
Dans les années 60, Stanley Milgram proposait une expérience psychologique sur l’obéissance à l’autorité. Plus récemment, le documentaire « Le jeu de la mort » reproduit l’expérience de Milgram dans un contexte de jeu télévisé. Dans les deux cas, des résultats inquiétants apparaissent. Sous les ordres et la responsabilité de la hiérarchie, nous devenons les dociles exécuteurs d’actions insensées et violentes.
Compliance, c’est une expérience de Milgram IRL. Un prétendu lieutenant téléphone à la gérante d’un fast-food afin de régler une histoire de vol, mêlant l’une des jeunes employées. Mais le lieutenant, qui n’en est pas un, va se régaler de son éphémère autorité et en profite alors pour mettre en scène des situations démentes et malsaines.
Le film en quasi-temps réel jouit d’un rythme efficace, d’une belle esthétique et d’un scénario labellisé « faits réels » absolument fascinant. L’ensemble de sa réussite tient à cet enfermement d’acteurs plus vrais que nature dans un huis clos graisseux, à cette manipulation des esprits par la flatterie, par la menace et à cette voix perverse qui ne quitte pas le combiné des premières aux dernières minutes du film.
Ce qui est intéressant avec Compliance, c’est qu’il nous met face à notre propre morale. On se dit que cette histoire est impossible, qu’il faut être immensément con pour se faire avoir par ce canular et obéir ainsi à une simple voix. Oui, mais. Ces employés sont des individus normaux, comme ceux qui participaient à l’expérience de Milgram ou au Jeu de la mort, normaux, comme vous, comme moi. Ils sont simplement victimes de leur état d’obéissance.

mardi 18 septembre 2012

"Que c'est beau, c'est beau la vie...."

Une comédie décoiffante made in France, avec ses jolis mots et ses vieilles étiquettes ; l’exploration interne du Nous, du Je par un Gondry-chauffeur de bus magique, coiffant au poteau Mlle Bille-en-Tête ; et l’épopée temporelle de Noémie Lvovsky en forme d’hommage au cinéma, en forme de fleur aux mille pétales de joie.
Vous reprendrez bien une petite tranche de vie ?


The We and the I, la discrète nouveauté de Michel Gondry est un bel amuse bouche qui nous fera patienter jusqu’à la très attendue adaptation de l’écume des jours. Dans ce bus, des jeunes sont filmés à brut par une caméra fragile, une caméra qui en montre plus qu’elle n’y paraît. Avec l’humour cruel de la jeunesse, sous une pluie de flash-backs malicieux, c’est une avalanche de vie, une averse de naturel qui s’abat sur ce bus, dans ce bus inondé de jeux et de maux enfantins.
De frêles amitiés marquent l’arrêt et du nous au je, nous glissons doucement vers l’intime, jusqu’au terminus.


Camille redouble n’est pas qu’une comédie, c’est l’histoire tendre et survoltée d’un roulage de pelle avec le passé. Tout un casting de rêve, mêlant des adultes qui jouent des ados et des ados amoureux d’adultes et d’adultes qui ne sont plus amoureux, au service d’un scénario touchant, criblé d’instants magiques.
Noémie Lvovski frappe fort avec un doux sourire et nous offre un voyage dans le temps impossible, un voyage que seul le cinéma peut rendre si réel.


Du vent dans mes mollets est un film d’émotions franches, où l’on peut rire de tout.
Maniant le grave avec subtilité, jamais une scène ne tombe dans un pathos malvenu. Extrêmement bien dirigées, encouettées, enfrangées, Valérie et Rachel chamboulent tout sur leur passage, armées d’un humour noir et d’un franc-parler déroutant. Elle sont l’enfance que les adultes refusent d’admettre, elles sont sales, tordues, reines des coups en douce, leurs Barbies font frotti-frotta, elles sont comme nous quand on avait cet âge, cet âge pas toujours bien compris, sous la menace du fais-pas-ci fais-pas-ça.
Du vent dans mes mollets est une jolie balade colorée dans les années 80, un drôle de spectacle raconté par le plus poète des narrateurs : l’enfant.



Trois films qui pirouettent dans le temps, trois films vrais, frais, parfaits pour une rentrée de cinéma.

mardi 11 septembre 2012

I wanna chat with you.

The Secret souffrira de la comparaison. L’ombre de Martyrs plane au-dessus de la tête d’ange de Jessica Biel. The Secret est une histoire à twists multiples sur un « Tall man » qui enlèverait les enfants d’un village super glauque. Une voix-off résonne, une voix-off inutile voire encombrante. La première partie du film plante le décor, mais manque de rythme, d’accroche. Puis, pas à pas, nous découvrons la grande supercherie scénaristique, bien amenée, cohérente, le spectateur est content. Enfin, arrive ce qui doit arriver, la fin déboule avec ses gros sabots et vient saccager la partie précédente avec une nouvelle intrigue cousue de fil blanc, d’épais fil blanc qui ne passe pas dans l’aiguille trop fine de nos attentes aiguisées.

"I'm goin' down to shoot my old lady"


Killer Joe est déroutant. Mcconoghey est effrayant, il livre une véritable démonstration de vice et de violence, une étonnante et dégueulasse performance. La douce folie de Juno Temple l’accompagne avec grâce et ce film banal se teint alors d’une sanglante étrangeté. Killer Joe est déroutant.

Speed Rabbit.


Wrong est un objet artistique, une pure création. Quentin Dupieux est enceint d’idées folles, d’histoires uniques, d’humour absurde et pointu. Il assume, avec force, des scénarii de plus en plus égarés, de plus en plus complexes (malgré leur apparente simplicité). Wrong, c’est un homme pas si quelconque qui, un matin, a perdu son chien. Wrong c’est une fondation enfantine qui déborde en fantaisie et s’envole en drôles de trouvailles.
Dupieux est un artiste : musique, écriture, réalisation, cadre, montage, il est génie aux mille casquettes et les porte toutes avec élégance.





vendredi 7 septembre 2012

Ouaouh.


Je ne trouverai aucun mot assez juste pour décrire la mêlée d’émotions qu’est Broken et avec quelle force délicate il vous les transmet.
Broken c’est l’histoire de gens vrais, avec des vraies failles, des gens comme nous, un peu cassés à l’intérieur.
Je n’ai aucune critique à faire, rien à redire. Tout, de l’image au scénario, du décor aux acteurs, la réalisation, le montage, la bande originale, l’accent délicieux, tout est parfait.
J’ai ri, parce que parfois c’est drôle. J’ai pleuré, beaucoup, parce que souvent c’est vrai, c’est palpable. J’ai eu mal, parce que c’est l’histoire d’une injustice, d’un garçon à qui l’on a détruit la vie pour une simple capote. J’ai voulu rester encore après la fin.
Broken est un véritable coup de cœur, de ce cœur qui a battu si fort pendant une heure et trente trop courtes minutes. 

mercredi 5 septembre 2012

Adjani dans le fond de la piscine.

David et Madame Hansen est la petite perle de la rentrée. Astier offre à Adjani le rôle parfait d’une femme drôle et insolente, aussi détestable que vulnérable, joué avec tant de vrai, joué entre la retenue et la folie. Astier, le touche-à-tout, arrive avec ce road-movie décalé et touchant alors qu’on l’attendait en costume d’époque autour d’une table ronde. En cela le film étonne, détonne et reste pourtant emprunt d’un humour délicat, sur le fil du rasoir. David et Madame Hansen peut faire couler de chaudes larmes dans un éclat de rire, éclabousser de poésie une trame réaliste. C’est un film qui vous emporte ailleurs, dans la petite bulle de quatre personnages en quête d’un souvenir.


Guetter la sortie...

  
LE GUETTEUR
Encore un mic-mac policier de plus, des fusillades françaises improbables que l’on essaie de camoufler sous une image bleue de ciel de pluie, sous des points de vue esthétiques intéressants, mais en rien innovants. Encore un thriller manqué et trop classique, avec des acteurs trop typiques et mal dans leurs rôles, avec un rythme banal à base de ralenti et flash-backs martelés. En bref, rien de nouveau sous le soleil.

dimanche 2 septembre 2012

La preuve par 4...




Sexy Dance 4 n’a pas retenu la leçon. Avec un scénario niveau première section, seules la 3D et les chorégraphies donnent du relief au film. Le plus inquiétant reste le premier degré, le manque bien trop cruel de recul et d’autodérision.
Qu’on mette la caméra dans la rue - pour une fois - qu’on la fasse danser, virevolter, l’objectif au raz du bitume et là, ce sera un film hip-hop, ce sera du street-dance, ce sera vrai et rugueux.