Métachronique

Métachronique

jeudi 30 avril 2015

Boîte à musiques

Elle vient de Besançon, mais vit à Brooklyn. Elle vit à Brooklyn, mais chante en français, avec rythme et délicatesse. Plus que de la chanson française, c'est du jazz avec Gilad Hekselman ou Nir Felder, ce sont des paroles qui travaillent la langue, la tordent méticuleusement. C'est une guitare dingue, qui fuit discrètement hors des sentiers battus et puis ce grain de voix bourré de malice, qui rappelle Marie Cherrier et ses tournures poétiques. Loin des artistes à la musique aseptisée, de l'autre côté de l'Atlantique, Marine Futin a bidouillé un album qui rend ses lettres de noblesse à notre infiniment riche langue française. Musique raffinée, travail d'orfèvre.

MARINE FUTIN - Qui danse (2015)

mercredi 29 avril 2015

BROADCHURCH Saisons 1 et 2

Sur le sable, l'enfant dort. 


Ils sont tous suspects : parents, amis, enfants, amants. Tous suspects parce que tous humains, avec leurs secrets, leurs défauts et travers, leurs mensonges. Il n'y a qu'une enquête, mais elle comporte mille pistes, mille doutes... Bienvenue à Broadchurch.

Qui a tué Danny Latimer ? voilà l'enquête d'Alec et ellie, deux flics un peu ratés, un peu normaux, embourbés dans une sombre histoire pleine de nœuds et de surprises. Et putain ! Elle prend aux tripes cette enquête ! Ces enquêtes, car tous s'en mêle, tout s'emmêle. C'est si bien joué que ça tord, ça émeut, ça remue en tout cas. On sent la peine d'une mère, la rage d'une femme, les vertiges d'un homme ; tout est palpable, sensible. On vit, le temps de deux saisons, dans ce petit bout de ville, ce pan de côte, auprès de ce groupe si lié, tellement si lié...

L'image est pure, la caméra se place avec sensibilité. Elle capte, elle saisit, nous mène en bateau parfois, multipliant les fausses pistes. Ralentis, mises au point, photographie douce, fondue, elle est claire et contraste avec la complexité de l'affaire. C'est donc beau, contemplatif sans être mou, c'est vivant mais hanté par la mort, c'est bouleversant, captivant au sens propre : ça vous kidnappe, vous malmène, vous emporte comme une vague dans l'immensité de l'océan.

dimanche 26 avril 2015

Atmosphère ? Est ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?


Il y flotte un quelque chose, dans l'atmosphère de Cake. Un quelque chose de malaise, de non-dit, un quelque chose qui démange et que l'on aime gratter, parce que ça soulage. 
Le film ne plaira pas, pas toujours, parce qu'il bouscule les attentes. Il nous installe inconfortablement dans une vie qui n'est pas la nôtre, nous sommes pris en stop dans la voiture d'une étrangère, on partage un peu d'elle au vol, en cours de route, en cours de vie. Elle ne dit rien, alors on devine, on imagine, on laisse passer le temps. Aniston est froide, bordée de cicatrices au dedans et au dehors -des plaies refermées par le cynisme. Aniston est remarquable, juste dans sa fadeur ; plus elle s'efface, plus elle brille. 

Cake est un film dur à aborder, comme son personnage central. Ce n'est pas un film unanime, mais bien universel.