Métachronique

Métachronique

vendredi 21 mars 2014

Pourvu que les bouddhistes se trompent (Blast tome 4) - Treme saison 4

  

« On ne saurait grandir sans mener quelque chose à terme et commencer autre chose. » Voilà deux grands, très grands hommes.

Alors que la Nouvelle-Orléans nous a fermé les portes de son Treme, quartier magique de musique et d’humanité, Manu Larcenet, lui aussi, clos son chef d’œuvre.
Mon cœur saigne, pleure. Quatre saisons, quatre tomes profonds, durs, salis de crasse. Nous tournons une dernière page éprouvante, nous faisons nos adieux. Ces personnages uniques ne viendront plus nous surprendre ; nous ne pourrons que nous repasser la bande, inlassables, reprendre l’histoire au début et apprécier à nouveau. S’émouvoir des descriptions si justes et précises d’une nature toute puissante, écarquiller ses yeux devant des blasts aux mille couleurs, devant des plumes indiennes qui frémissent dans la grisaille de mars, nous ne pouvons plus que danser désormais, danser sur les cuivres heureux d’un état dévasté. 


« C’était l’hiver en plein. L’authentique, celui qui crevasse la peau et dont le vent sec vous tire d’étonnantes larmes des yeux asséchés. Je n’aime pas cette saison. La lumière jadis éclatante fait place à une pâle lueur, diffuse, qui affadit le monde. »

vendredi 7 mars 2014

Le monument Anderson perd de ses étoiles.


Je vous entends déjà dire que je joue la fine bouche, mais c’est un fait : le cinéma loufoque et symétrique de Wes Anderson est une sorte de marshmallow. Il met l’eau à la bouche avec ses formes parfaites et sexy, avec ses jolies couleurs et ses ingrédients alléchants (un casting superficiellement monumental). Mais à peine savourée la première scène, voilà que le réalisateur vous fourre tout ce moelleux et ce sucre dans les yeux à un rythme presque insoutenable. Vient l’écoeurement.

Appelez Wes Anderson un créateur génial, un conteur fou, un illustrateur talentueux, oui. Mais il y a bien une chose qu’il peine de plus en plus à donner à son spectateur ; avare de fond, il ne sait pas imaginer ni livrer l’émotion. Le Grand Budapest Hotel est une simple comédie d’aventure avec de beaux visuels. Au mieux vous rirez, sinon le néant – désert d’humanité. Tout y est tant esthétisé que les mondes d’Anderson deviennent complètement irréels, intouchables.

Et si certains s’émerveillent de sa fantaisie, rient à l’humour bien senti du Grand Budapest Hotel, d’autres s’ennuient ferme devant ces pitreries bariolées. Des fines bouches ?