Métachronique

Métachronique

jeudi 15 octobre 2015

Cigarillo.


Les corps sont meurtris, endoloris ; les yeux s'épuisent ; règnent la fatigue et la peur. Les acteurs terrorisants (Del Toro) ou terrorisés (Blunt) sont d'une grave justesse, à faire froid dans le dos.
Décidément, Villeneuve sait créer de la tension, noircir les atmosphères, mutiler les espoirs. Après le glaçant Prisoners, après l'échec d'Enemy, le réalisateur frappe fort, très fort. Pas de plaisir avec Sicario, sauf celui du visuel, le reste n'est que de la douleur, la douleur nécessaire de la désillusion. Sicario est un film sec, aride, où l'humain crève sous des pluies de balles. 

Un film qu'on ne regarde qu'une fois mais qui marque pour toute une vie de cinéma.


Broar.


La petite salle du bootleg portait un parfum d'homme et de sueur. Partout, se frottaient des barbes luisantes et des cheveux grisonnants ; des jeunes, des vieux, des petits, des grands, tous là pour écouter suinter un blues intimiste et puissant, celui du suédois Bror Gunnar Jansson.
Seul sur scène, le grand blond aux traits carrés et sévères se déchire la voix, il se déchire le cœur sur des rythmes lancinants, dans des embardées mélodiques. En bon amant, il alterne douceur et force, accélère puis apaise, puis repart. 
Dans la petite salle du bootleg, à ma gauche, j'ai plaint les animaux irrespectueux jacassant sur les morceaux amples et j'ai préféré rejoindre, à ma droite, les simples amoureux de bonne musique, qui ont su savourer bouche bée cet instant en tête à tête avec un vrai bon musicien.