Métachronique

Métachronique

mardi 31 juillet 2012

The dark knight rires.

 
The dark night rises est un film prétentieux, un film du « trop », la preuve étouffante d’un savoir-faire, la suite bâclée d’un renouveau prometteur. Incohérences, longueurs futiles, Nolan s’est senti pousser des ailes, mais il n’est pas un super-héros et tombe dans son propre piège : devoir réaliser la suite d’un film déjà trop excellent, vouloir en faire toujours plus et finalement en faire trop.
Les scènes de combat entre gros bras ne font plus rêver, les dialogues flairent bon le stupide, les intrigues « à tiroirs » ont été vidées pour l’été et nous devenons spectateurs d’un blockbuster réchauffé, à la sauce américaine.
Si le choix de Gordon-Lewitt en policier orphelin fan de l’homme chauve-souris est une réussite, le casting féminin souffre d’un sérieux manque de rigueur. Anne Hataway peine à érotiser son physique maladroit, elle s’embarque dans la fadeur et les Catwoman précédentes n’en miauleront sûrement pas de jalousie. Quant à Marion Cotillard, son jeu une réelle catastrophe et fait d’elle la plus grosse erreur du film.
En bref, The dark night rises est un peu trop long et un peu trop raté. Un peu « trop ».

mercredi 25 juillet 2012

Liebesreigen.

 
360 est une jolie ronde d’acteurs excellents qui se tiennent par la main, se lâchent, se chassent, se croisent. 360 est métissé de langages, de beauté et de laideur. 360 manque cruellement de l’élément essentiel à un film choral pour qu’il tourne rond : le rythme. 360 est pourtant traversé de scènes sensibles, fortes, mais l’ensemble reste mou, lent et pudique. On attend un éclat, un accent, une crise. On attend jusqu’au bout parce que c’est beau, l’image est chaude et limpide comme une eau tropicale et les personnages gracieux de perfection. Mais on se lasse du vide de l’action, comme d’une trop longue valse.

mardi 24 juillet 2012

Amours imaginaires.


Qu’importe que le thème de la transsexualité ait déjà été traité, « mieux » ou plus fort, ce n’est pas le sujet principal de Laurence Anyways, mais bien l’amour impossible, thème si cher à Dolan. Toujours entouré d’acteurs étonnants, le jeune réalisateur a trouvé son style et l’impose encore une fois dans cette épopée sentimentale. Si beaucoup critiquent le superficiel de ce cinéma esthétisé à l’extrême, ils en oublient sa remarquable écriture, littéraire et visuelle. Les films de Xavier Dolan sont des bijoux de poésie et de beauté ; le travail sur l’image, les scènes clipées aux couleurs franches, la musique éclectique qui donne la chair de poule, les ralentis, le 4/3 trop rare permettant des gros plans incroyables… Il en faut une sacré paire pour assumer tant de kitsch et de silences, pour encaisser les critiques jalouses qui n’ont rien compris. Dolan vomit les étiquettes alors qu’on ne cessait de lui en coller plein la casquette et Laurence Anyways semble être son imparable argument. 



Ils peuvent être présomptueux : ce film est une merveille et ce garçon a du talent.

mercredi 18 juillet 2012

Serial Killer.

 
Nous sommes des êtres bons, en recherche de justice, de vérité. Mais dans le fond, nous aimons tous les personnages imparfaits, pauvres, égoïstes, prétentieux, les meurtriers, nous aimons la face sombre des personnages de séries. Nous aimons l’autisme ultra-culturel d’Abed, l’égocentrisme d’Hanna, la nymphomanie de Samantha, la vulgarité contrariée de Rudy, le machiavélisme sensuel de Chuck, l’infidélité de Gaby. 

 
Et puis l’on tombe sur The Wire, où chaque personnage est poursuivi par son vice, tâché de ses tares. The Wire est une série complexe, elle multiplie les rôles et les thèmes, tous mêlés à l’argent et la drogue. Les scénaristes explorent avec humour et véracité les magouilles tous niveaux confondus, sans jamais tomber dans le manichéisme. Dans The Wire, rien n’est tout noir ou tout blanc, chaque événement positif peut se retourner en un instant et changer la donne. Personne ne gagne, « no one wins, one side just loses more slowly… ». 

 
Le réalisateur, malin, a su choisir des acteurs impressionnants, marquants, et les fait évoluer tranquillement saison après saison. Et on y croit. Erigeant avec modestie des scènes absolument mythiques, The Wire est devenue une série monumentale, à parcourir avec curiosité, plaisir et tristesse, de la première à la cinquième saison.

samedi 14 juillet 2012

« Si j’aime je bande. Si j’aime pas, je bande pas. »

 Poolevorde, dans ses années flamboyantes des carnets de M. Manattane, employait un ton qu’on dirait emprunté de ce film atypique. Quatre hommes, quatre amis, préparent un grand dîner pendant que quatre femmes, quatre amies, transpirent au club de gym. Mais que la discussion s’étire dans une brasse ou dans la cuisine, le sujet de conversation est bien le même de chaque côté : le sexe. Jusqu’à ce que tous les huit soient réunis et que se mêlent les justesses féminines et les drôleries masculines. Mises en parallèle, les conversations de ces dames semblent plus profondes, avec de très belles réflexions sur l’amour et le désir. Mais les hommes ne sont pas en reste, ils redoublent de cynisme et d’humour franc.


« Faut avoir une assez bonne opinion de soi-même pour vouloir se reproduire »

Au déclin de l’empire américain, fait écho le remarquable documentaire de Gérard Miller et sa compagne, à propos du désir féminin. Jeanne Moreau, Clémentine Autin, Rachida Dati, et plusieurs autres femmes, pianiste, journaliste, actrice, se livrent sur leur vision du désir, leur rapport à la masculinité, au pouvoir. Incroyablement plus percutant que le même documentaire côté hommes (Le désir masculin), les femmes savent ici trouver les mots justes, analyser avec force leurs compères mâles. Une très belle réalisation, passée incognito sur la chaîne Planète.

" Le monde est flou ou c'est mes yeux? "


Non, Holy motors n’est pas un film intello mais poétique, n’est pas un film ennuyeux mais nostalgique, n’est pas hermétique mais réfléchi. Carax, l’enfant maudit du cinéma, n’aura pas eu de palme (les récompenses vont à l’habitude plus qu’à l’audace) avec sa déambulation parisienne, mais s’attire aujourd’hui les critiques les plus brillantes de l’ensemble de la presse, de la plus légère à la plus chichiteuse, de la plus populaire à la plus élitiste. 
Holy Motors est l’œuvre d’un génie, l’œuvre d’un fou, fou de cinéma, d’un incroyable écrivain visuel et d’un metteur en scène remarquable. Denis Lavant, incontournable premier rôle, se multiplie en plus d’une dizaine de personnages, avec une passion du jeu unique et des partenaires surprenants. 
Poétique, Holy Motors l’est dans son grand ensemble, dans l’enfantin du déguisement, du jouer à être un autre, dans le langage imaginaire de M. Merde, dans la beauté de chaque chapitre, dans les silences et les regards.
Nostalgique, Holy Motors l’est par son message, que ce soit dans un dialogue entre Michel Piccoli et Denis Lavant dans le confinement de la loge-limousine, ou dans la fin étonnante, qui en serait presque risible si ce dialogue entre motorisés n’avait pas touché en plein cœur la triste évolution du cinéma.
Réfléchi, Holy Motors l’est en métaphores et humour cynique, délicats à saisir, mais délicieux quand on les tient.
Carax revient en beauté, dans un film à l’image des précédents : complexe, sensible, magistral.



lundi 9 juillet 2012

C'est plein d'protéines.

Cinéma généreux, d’humour et d’émotion, teinté d’une chaleur québécoise.



David, un homme à l’éjaculation féconde apprend qu’il est le père de 533 enfants, issus de ses multiples dons de spermes. Une centaine d’entre eux ayant entrepris de retrouver leur papa bio, David va soudainement être confronté à une nouvelle vie faite de responsabilités, de choix, et de beaucoup, beaucoup d’amour.
Starbuck est une jolie comédie douce bordée d’un cynisme gentil. Le scénario est original et donne lieu à des situations délicates et délicieuses, à des dialogues décomplexés. Les acteurs sont à point, pleins de fraîcheur et de naturel, semblent mettre du cœur à leurs rôles, démesurément.

Girls, just wanna have fuck.

 
La série "Girls" : Quatre filles, submergées par leurs défauts, traînent derrière elles leur confiance, leur estime froissée dans un sac poubelle. Hanna, anti-héroïne à la limite de l’antipathique, porte sur elle tous les problèmes liés au passage à l’âge adulte. Marnie s’enferme dans une relation sentimentale insatisfaisante. Jessa voudrait assumer une liberté bohème, mais étouffe de sa vie mal tressée.
L’esthétique et l’atmosphère sont étranges et soignées, les dialogues vrais et certaines scènes de grâce font briller cette série à part. Il faut y entrer comme dans une eau fraîche, braver la peur des premiers épisodes pour s’enfoncer tout entier, petit à petit, et y trouver enfin du plaisir.
Cette série ne fera pas l’unanimité, car elle est trop avare de personnages plus attachants, comme la trop oubliée Shoshana ou l’insaisissable Adam. Les trois autres Girls ne manquent pas d’agacer, mais saisissent à pleines mains la réalité. Elles sont les filles qui nous entourent, avec leurs faiblesses, et on apprend pas à pas à les accepter comme êtres imparfaits.