Métachronique

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samedi 14 juillet 2012

" Le monde est flou ou c'est mes yeux? "


Non, Holy motors n’est pas un film intello mais poétique, n’est pas un film ennuyeux mais nostalgique, n’est pas hermétique mais réfléchi. Carax, l’enfant maudit du cinéma, n’aura pas eu de palme (les récompenses vont à l’habitude plus qu’à l’audace) avec sa déambulation parisienne, mais s’attire aujourd’hui les critiques les plus brillantes de l’ensemble de la presse, de la plus légère à la plus chichiteuse, de la plus populaire à la plus élitiste. 
Holy Motors est l’œuvre d’un génie, l’œuvre d’un fou, fou de cinéma, d’un incroyable écrivain visuel et d’un metteur en scène remarquable. Denis Lavant, incontournable premier rôle, se multiplie en plus d’une dizaine de personnages, avec une passion du jeu unique et des partenaires surprenants. 
Poétique, Holy Motors l’est dans son grand ensemble, dans l’enfantin du déguisement, du jouer à être un autre, dans le langage imaginaire de M. Merde, dans la beauté de chaque chapitre, dans les silences et les regards.
Nostalgique, Holy Motors l’est par son message, que ce soit dans un dialogue entre Michel Piccoli et Denis Lavant dans le confinement de la loge-limousine, ou dans la fin étonnante, qui en serait presque risible si ce dialogue entre motorisés n’avait pas touché en plein cœur la triste évolution du cinéma.
Réfléchi, Holy Motors l’est en métaphores et humour cynique, délicats à saisir, mais délicieux quand on les tient.
Carax revient en beauté, dans un film à l’image des précédents : complexe, sensible, magistral.



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