Métachronique

Métachronique

mercredi 31 octobre 2012

Le ciel lui tombe sur la tête...

 
Sam Mendes à contre-emploi, en chef d’orchestre de blockbuster, voilà qui est étonnant, mais son découpage classique est plus qu’efficace et les scènes d’action souvent grandioses, l’image est soignée, la photographie superbe, presque laquée. Sur le terrain de l’humour, la série des James a toujours su garder le cap et Skyfall tient bon la vanne subtile et la répartie malicieuse, hissées haut. Seul point noir, l’éphémère apparition d’une vespérale James Bond girl frenchy et apeurée qui ne saurait faire oublier la délicieuse Eva Green.
Daniel Craig nous démontre qu’il vaut bien mille Moore. Plus insolent que Connery, plus charismatique qu’un Brosnan trop lisse, malgré sa bouche en cul de poule et ses costumes gris étriqués. Javier Bardem ambigu en méchant blond platine n’ayant pas tout à fait coupé le cordon…  Javier Bardem parfait en méchant détonnant, moins homme de terrain que grand calculateur et drôle à souhait. Ben Wishaw, joli petit Q et l’inaccessible Moneypenny offrent à Skyfall un coup de jeune bienvenu et contribuent à l’installation d’un duel perpétuel entre le passé et le présent.
Quand à la Queen Judi, elle titre avec grâce sa révérence avec un rôle ici plus complet, plus complexe, tourmenté par ses erreurs d’autrefois. Elle boucle la boucle de l’avant avec l’après, érige un pont royal entre Pierce et Sean. On ne sait plus vraiment où l’on en est, mais ce brouillage de pistes temporelles se mord la queue dans l’écrin d’une intrigue simple et pour une fois, on peut résumer un James Bond sans rougir de n’avoir pas tout compris.

mercredi 24 octobre 2012

Zac Efron Le Médusé.



Un casting hétéroclite mène l’enquête dans une Amérique puritaine et caniculaire. Mais l’investigation journalistique n’est qu’un prétexte et les thèmes du racisme et de l’homosexualité s’en mêlent pour former une sorte de polar érotico-vintage. Image grainée et surimpressions solaires, l’esthétique de Paperboy est aussi suintante que l’atmosphère. On ressent, du début à la fin, une tension animale, aidée par les corps luisants et les scènes de sexe primitif, aidée aussi par le jeu puissamment malsain de Kidman, McConaughey (décidément convaincant) et Cusak.
Pas franchement intéressant, Paperboy est un film d’ambiance. Pas franchement réussi, Paperboy manque de l’audace dont il se vante et ne tient qu’à sa brillante direction d’acteurs. 

samedi 20 octobre 2012

Teddy Beer

 Difficile de faire parler un ours en peluche après l’excellente trilogie de Toy Story, difficile de faire parler un ours en peluche sans tomber dans le film enfantin. La solution ? Qu’il pète, qu’il fume, qu’il s’envoie des putes ou des caissières dans la remise. Voilà Ted, l’ourson vulgos, le célèbre miracle de noël, devenu vivant grâce au vœu d’un mini-Mark Wahlberg en manque d’amitié. Mais Marco devenu grand, amouraché de Mila Kunis, ne peut se séparer de son meilleur pote l’ourson et ce plan à trois va vite tourner au cauchemar. Un cauchemar avec Flash Gordon, un bang et des pets, beaucoup de pets.
Mark Wahlberg est mou, Mila Kunis est chiante, trop maquillée, Ted, lui, est pétillant de dégueulasse, toujours en pleine forme et parfois drôle, parfois. Le film aussi est inégal, alliant des dialogues rythmés à des séquences inter-minables ou grotesques. Enfin, la morale est effarante de stupidité et range cette comédie au rayon DVD du dimanche pluvieux. 


lundi 8 octobre 2012

Ruby Ruby Ruby Ruby

 Zoe Kazan, actrice principale du film « Ruby Sparks », en est également l’auteur. Auteur de cette histoire virant au gentil fantastique d’un très jeune écrivain maladroit en amour, qui, poussé par son psy, écrit sa rencontre avec la femme de ses rêves. Mais quand Ruby apparaît dans sa vie telle qu’il l’avait écrite, aussi réelle que rousse et mince, Calvin doit faire face à son idéal.

 
Elle s’appelle Ruby, elle est drôle et légère, elle est jolie sans être belle. Il s’appelle Calvin, jeune prodige de l’écriture mais novice en amour, il l’a inventée, l’a formée à l’image de la femme de ses rêves. Et le rêve devient réalité, fait de chair et d’os, de joues rieuses et de collants violets. Calvin tombe amoureux de ses mots. Mais quand la vie s’en mêle, leur relation bascule. C’est là que le scénario prend toute sa valeur : dans la vie. Galatée n’est plus aussi blanche qu’aux premières pages et Pygmalion voudrait retoucher sa statue. Mais pas de ctrlZ sur la machine à écrire, pas de retour en arrière possible.
Le couple fonctionne. Paul Dano incarne parfaitement ce rôle d’écrivain un peu cliché, solitaire et insatisfait. Mais il manque au film une étincelle. Zoé Kazan oscille entre le jeu ridicule et brillant. Ruby n’a pas le charisme de la Summer de 500 jours ensemble, n’a pas le charme et les cheveux multicolores de Clémentine sous son soleil éternel. Et pour les filmer, le duo de Little Miss Sunshine a choisi la voie de la simplicité. L’image est fade, colle à Calvin mais détonne avec Ruby. Là où l’on attend du punch on ne trouve que banalité, sauf peut être cette belle surprise que nous fait Banderas et certains moments énervés.
Ça aurait fait un très beau livre.

vendredi 5 octobre 2012

Ah la nouille, Eurydice a morflé!

Le titre déjà suait de prétention. Entouré d'acteurs prestigieux, Alain Resnais présente son dernier film "Vous n'avez encore rien vu". Un film disons-nous? Plutôt une pièce, Eurydice, une pièce jouée en échos dans un grand salon, dans une immense demeure kitsch et funèbre, dans d'émouvants souvenirs d'acteurs. 
Antoine, metteur en scène jusqu'au bot de sa mort, invite par testament des amis comédiens, afin qu'ils visionnent ensemble une nouvelle version (très limite) de cette fameuse pièce que tous ont joué par le passé. Le texte caressant leurs mémoires, la pièce va doucement déborder de l'écran au salon.
Drôle de scénario, hommage magnifique à des comédiens touchants (Wilson, Duperey), fragiles (Consigny, Piccoli), ou tremblants (Azema, Brouté); Vous n'avez encore rien vu est pourtant cinématographiquement inutile et raté. Resnais coince et gâche ses acteurs dans un décor superflu, dans une atmosphère poussiéreuse. Le montage est à vomir, démodé, zooms grossiers et effets ridicules, répétitions assommantes et mises au point plus très au point. Si l'exercice était beau, sa réalisation, elle, est hideuse. 
Le spectateur étouffe, le film est lourd et s'enfonce toujours plus dans la redondance. Le film de la pièce dans la pièce dans le film, Resnais pris au piège entre ses deux grands amours: le théâtre et le cinéma. Mais ils sont deux monstres trop sacrés, trop complexes pour les mêler, il faut être fin orfèvre ou jeune génie et Resnais se fait vieux, aux doigts maladroits. Alors qu'il rende au théâtre ce qui appartient au théâtre: ses comédiens.