Métachronique

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mercredi 19 décembre 2012

Les Maux de Hurlevent.


Le cinéma d’Andrea Arnold est franc et sensible. Après le bouleversant Fish Tank, elle adapte le classique des Hauts de Hurlevent, le traîne dans la boue et nous livre cette romance crasseuse et bestiale dans une longue caresse, nous plonge dans une tension amoureuse et charnelle. Arnold fait parler ses images, fait crier les regards, et ce film contemplatif en dit long avec si peu de dialogues. Le travail du son est remarquable, un chant fébrile remplace la musique, les respirations de l’humain et de la nature soufflent sur cet amour suffocant. Le parti pris esthétique est bouleversant. Gros plans des mèches battant la nuque terreuse de Catherine, une main d’ébène longeant le flanc blanc nuageux d’un cheval au pas.
Fort d’une puissance contemplative, Wuthering Heights souffre pourtant de cette histoire d’amour lassante et voyeuse, de cette passion lamentable et destructrice. Les personnages sont mal vieillis, la jeune Catherine, Shannon Beer, aux paumettes saillantes et aux petits yeux malicieux s’anorexise en Kaya Scodelario, squelette au nez retroussé. Mais étrangement, nous sommes pris dans cette romance gadoueuse, entraînés par la puissance des sentiments exprimés et les points de vue adoptés.

Laissez la rosée se poser sur vos yeux fatigués, et savourez l’éclosion de cette réalisatrice audacieuse. Entrez avec patience dans ce film brumeux, traitez avec délicatesse cet objet cinématographique sensible, laissez-vous porter par les vents hurlants de cette plaine humide.

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