Métachronique

Métachronique

mardi 23 avril 2019

Je ne t'inflige rien d'autre que la vie.


Xavier,

Ne cesse jamais de faire battre mon cœur avec du cinéma. Moque-toi infiniment de ceux qui ne comprennent pas. Poursuis pour toujours, avec ce talent inouï qui est le tien, ton exploration du non-dit et de l'amour impossible. 
Tes films me gardent en vie, il me sont une des raisons de rester. Des clins d’œil indiscrets. Je te regarderai vieillir au plus près de moi dans les salles obscures.

A nos 30 ans, aux années 90, à l'émotion.

Merci.

Les détails, il tient à ça le cinéma de Dolan. A quelques secondes volées à mon adolescence - enfant des nineties - à des bonds immédiats dans mes souvenirs, dans nos passés et nos intimités. Parce qu'on a eu le même âge, en même temps, chacun à un bout de la planète, qu'on a baigné nos jeunesses dans la même culture populaire, dans les mêmes morceaux, les mêmes émissions, les mêmes films, les mêmes séries ratées. Alors quand "Kiss me" surgit, dans cette voiture comme un air en fuite, une mélodie fugitive échappée de mes onze ans, quelque chose galope dans ma mémoire et s'échappe en un cri - au génie ! Ce film m'a submergée de moi-même. 

Kiss me (clique donc)

Ce film, je l'ai éprouvé avec tout mon corps. Les larmes, elles sont venues du fond de moi, elles sont revenues de quinze ans en arrière. Dolan, avec "The death and life of John F. Donovan", comme avec "Mommy", "Juste la fin du monde", "Laurence Anyways", exhume des sensations enfouies, il nous ramène à la brutalité du sentiment, à sa simplicité, son universalité singulière. Ces sentiments qu'on dit si mal, mais qui sont trop souvent la seule chose qui reste de soi.
Alors la nostalgie et l'émotion s'entrechoquent, les souvenirs se mêlent à la fiction, masse pesante de ressenti : le corps tremble, l'esprit est envahi, la tristesse, la joie et la tendresse mêlées débordent des yeux, du cœur, des profondeurs de l'âme.
Tout ça grâce aux détails, à la chanson idéale, à un timing et un montage parfait - au rythme de l'homme : inégal, bondissant, pas raisonnable - et à une photographie au plus près des visages, de leurs expressions, des larmes et des sourires, au plus près du jeu vertigineux des acteurs. 

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