Métachronique

Métachronique

mardi 8 janvier 2013

Plus cinéphage que cinéphile.

Voir l’ensemble des films qui sortent chaque semaine tient de l’impossible. Alors on affine ses choix, on y va sur un coup de tête, sur un coup de cœur, par le bouche à oreille ou le bouche-à-bouche, on y va séduit par la bande annonce ou en grand fidèle du réalisateur, on y va pour un casting, pour une belle affiche, pour un titre aguicheur. Sur l’ensemble des films de l’année 2012, j’en ai vu 107, dont 90 dans les salles obscures et j’avoue, c’est un peu trop.
 



J’y suis allée pour voir la suite et mon cœur a grincé devant les décevants The dark knight rises , qui a re-tué Pamela Rose et les inutiles Vérité si je mens 3 et Underworld : nouvelle ère. J’ai souri, un peu niaise de nostalgie à American Pie 4, Men in black 3 et devant les jolies chorégraphies de Sexy dance 4. J’ai aimé le nouveau regard porté sur nos héros favoris dans The amazing Spiderman et Skyfall, plus novateurs que le très bon mais néanmoins recyclé Sherlock Holmes : Jeu d’ombres. Et enfin, pas vraiment une suite ni une préquelle, malgré son scénario essoufflé, j’ai été absorbée par le spectaculaire Prometheus.




J’y suis allée pour rire aux éclats et, parfois, j’ai été émue aux larmes avec le délicieux Camille redouble ou le fragile Comme des frères. Je me suis laissée porter par la folie douce du vent dans mes mollets et la folie furieuse de 2 days in New York. Je suis partie au Québec avec Starbuck. J’ai souri frileusement à l’amour dure 3 ans, Sea, no sex and sun, Dépression et des potes et Un bonheur n’arrive jamais seul. J’ai jubilé au numéro de danse de Lambert Wilson Sur la piste du Marsupilami et à la très bariolée Clinique de l’amour, mais j’ai déchanté aux numéros de cirque des Infidèles et à l’éjaculation de bêtise de Ted.



J’y suis allée pour l’histoire vraie, découvrir la vie de personnages qui ont fait l’histoire ou simplement la vie. Mais j’ai plus sombré dans l’ennui que dans le cinéma devant J Edgar et La dame de fer. J’ai cru à un superbe fake de Sacha Baron Cohen avec son biopic supposé de Dictator dérangé, mais la blague a tourné court et a coulé dans le pipi-caca. Une fois la chasse tirée, place nette était faite pour des bijoux fictifs ou documentaires sur un chanteur mythique (Marley), une femme controversée (Game Change) et une histoire incroyable de manipulation sur fond de burgers et sodas (Compliance).


J’y suis allée pour l’acteur. Pour voir Kidman en nymphomane suante dans Paperboy, voir Poolevorde faire ce qu’il peut dans Le grand soir, voir Eva Green en robe rouge dans le très moyen Dark Shadows et Scarlett moulée de cuir dans le jubilatoire Avengers.



J’y suis allée pour les beaux costumes et la fin d’année en était toute brodée. Entre le théâtre majestueux où valse Anna Karenine et la passion terreuse et sensible des Hauts de Hurlevent, difficile pour Royal Affair de se faire une place, mais Mads Mikkelsen, sa douce partenaire et le fou Son Roi y mettent du cœur. On ne peut pas en dire autant des fades Adieux à la reine, épuisants de banalité. La France a perdu ses lettres de noblesse.



J’y suis allée pour le réalisateur, parce qu’il a un nom qui résonne fort dans le cinéma, qui fait un sacré écho. Mais alors mon cœur, certains ont bien du mal à le faire battre. Audiard (après un Prophète, qui tenait plus du documentaire que du film), nous balance un mélo indécis, un Intouchable aguicheur avec De rouille et d’os. Le Savages d’Oliver Stone s’embourbe dans une mélasse flashy. Quant à Resnais (Vous n’avez encore rien vu) ou Haneke (Amour), je suis carrément partie avant la fin, prise d’un ennui persistant.

De déceptions en déceptions, j’ajoute aussi le dernier Disney, les mondes de Ralph, et The Secret, partis du bon pied mais par le mauvais chemin. Daldry, Le Stephen Daldry de the Hours ou the Reader, lui aussi se casse la gueule avec son adaptation d’Extrêmement fort et incroyablement près, plutôt extrêmement faible et loin derrière les deux ( ! ) longs-métrages de Cronenberg, pourtant pas en grande forme. Un Cosmopolis facile mais dérangeant, un peu sale, suintant, et une dangereuse méthode tranquillement avachie sur le divan de la psychanalyse.

Et puis il y a les réalisateurs du genre fainéant : Gondry, Dayton & Faris, Astier, Reitman. « On se foule pas trop, on a déjà pondu du lourd, maintenant on se contente du correct. ». Ça donne un The We and the I plutôt frais, mais sans plus, un Elle s’appellait Ruby un peu bâclé, un David et Mme Hansen assez mal joué et pourtant brillant, polémique et enfin un Young Adult réussi, mais trop vite oublié.

Il y a aussi ceux qui bossent : Affleck (Argo), Dupieux (Wrong), Anderson (Moonrise Kingdom) et Dolan (Laurence Anyways) qui nous vendent de la pure came, un film nickel qui manque malgré tout d’un petit plus pour être un chef d’œuvre. Un chef d’œuvre ? Holy Motors, mais j’en ai déjà assez écrit ici sur Carax et son génie.



J’y suis allée pourtant j’aurais pas dû. Je n’aurais pas dû subir la prise de vue vomitive de Rengaine, le scénario qui fait plouf de Battleship, les minauderies bobo de Ma première fois, la deuxième partie d’une vie meilleure (et Leila Bekhti par la même occasion), les gémissements punk de Bye Bye Blondie, la poursuite interminable de Sans Issue, le labyrinthe scénaristique de La taupe, la nullité à la française du Guetteur et enfin le gnangnan assumé des saumons dans le désert et de Nouveau départ.


J’y suis allée par hasard et j’étais mal à l’aise. Mal à l’aise par le jeu si vrai, palpable de Rénier et Depardieu dans Possessions, par le jeu malsain de McConoghey dans Killer Joe, par l’injustice criante de la prenante Chasse et de l’étrange Despues de Lucia, par le travail de l’atmosphère dans l’effrayant Sinister, le déroutant Babycall, l’insolite Deep Blue Sea, le rugueux Tyrannosaur, le solaire Matha Marcy May Marlene, le Hold up muet et froid et le super bizarre Kill List.

J’étais mise mal à l’aise, aussi, par la douleur silencieuse des personnages, par la mort lente d’Hélène Vincent dans Quelques heures de printemps, par la soumission de Miss bala ou le déni de la jeune fille de Trust.

Enfin, le pire de tous les malaises : la sensation qu’on se moque de moi, de mon moi-spectateur. Projet X, Arbitrage et Sur la route, trois merdes que l’on déguste la tête la première et qui finissent par nous étouffer.



J’y suis allée sans convictions et puis… Ce n’était pas si mal. Au galop, Des hommes sans loi et sa poussière, Moi, député, 21 Jump Street, Perfect sense et la beauté unanime d’Eva Green, 30 beats (sur le même principe de ronde que le décevant 360), Chronicle et ses super-ados, Elles et sa fin exquise, Another Happy day et l’indétrônable Ezra Miller, Parlez-moi de vous et la voix chaude de Karin Viard, The descendants et Clooney en père un peu pataud, Hunger Games, Looper et la métamorphose stupéfiante de Gordon-Lewitt.




J’y suis allée par curiosité et j’ai découvert de l’or. Que ce soit dans les dialogues déferlants de God Bless America et Cogan, dans la musicalité envoûtante de Café de Flore, dans le ballet de combats de The Raid ou la puissance de Broken, dans les grands maux de Detachment, dans la surprise de La cabane dans les bois, dans le duel intérieur de Take Shelter, chaque film m’a touchée en plein cœur, a caressé mon âme avec des mots doux, a fait dresser les poils sur mes bras, a fait danser mes yeux sur l’écran, chaque film m’a émue, a remué en moi la rage ou la joie. J’ai joui huit fois par curiosité.



Et pour finir par la synthèse, voici mon top 10 de 2012, totalement subjectif, il va de soi.



1 ° Café de Flore

2 ° Broken

3 ° Detachment

4 ° Holy Motors

5 ° God bless America

6 ° Camille Redouble

7 ° Cogan /  Killer Joe

8 ° La cabane dans les bois

9 ° The raid

10 ° Compliance

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire