Métachronique

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vendredi 18 octobre 2013

Déconseillé aux femmes enceintes.

Il faut qu'on parle de Kevin - Lionel Shriver - Ed. Belfond

"La violence est tout ce qu'un avion peut faire à un nuage."

C’est avec tristesse que mes yeux s’éternisent sur la dernière page d’ « il faut qu’on parle de Kevin », roman bouleversant de Lionel Shriver. Ne vous y trompez pas, malgré son prénom, l’auteur est une femme et chaque ligne en est la preuve hurlante.

Le roman est une succession de lettres inspirées, qu’Eva, envoie à son mari, après que leur fils a assassiné froidement plusieurs camarades de classes. Elle y retrace, sans autre chronologie que celle du souvenir, son parcours de mère tourmenté par un fils démoniaque. Portant dans ses mots toute la culpabilité du monde, touchant souvent juste avec simplicité, Eva se confond avec l’auteur. Nous entrons dans une forte empathie, voire dans la compassion. Nous souffrons avec elle, ses colères nous mettent le rouge aux joues, ses joies adoucissent nos cœurs. Elle a l’écriture courageuse, de la survie, l’écriture délicate aux mots et comparaisons puissants. Elle a le cran de ne rien étouffer des dialogues éprouvants, des situations rudes ; tout est dit, créant de nombreux malaises et un sentiment de lecture nouveau, curieusement prenant.

Et si, avant de lire ce bijou d’émotion, vous avez vu le film qui en est tiré, vous collerez à chaque personnage le visage de l’excellent acteur qui le joue. Eva hantée par le visage creusé de Tilda Swinton, malmenée par Ezra Miller, froidement pervers, odieux. Le livre a l’avantage d’être plus subtil, plus développé, aidé par ses 600 pages qui vous mènent progressivement vers un final grandiose.

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