Métachronique

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vendredi 5 octobre 2012

Ah la nouille, Eurydice a morflé!

Le titre déjà suait de prétention. Entouré d'acteurs prestigieux, Alain Resnais présente son dernier film "Vous n'avez encore rien vu". Un film disons-nous? Plutôt une pièce, Eurydice, une pièce jouée en échos dans un grand salon, dans une immense demeure kitsch et funèbre, dans d'émouvants souvenirs d'acteurs. 
Antoine, metteur en scène jusqu'au bot de sa mort, invite par testament des amis comédiens, afin qu'ils visionnent ensemble une nouvelle version (très limite) de cette fameuse pièce que tous ont joué par le passé. Le texte caressant leurs mémoires, la pièce va doucement déborder de l'écran au salon.
Drôle de scénario, hommage magnifique à des comédiens touchants (Wilson, Duperey), fragiles (Consigny, Piccoli), ou tremblants (Azema, Brouté); Vous n'avez encore rien vu est pourtant cinématographiquement inutile et raté. Resnais coince et gâche ses acteurs dans un décor superflu, dans une atmosphère poussiéreuse. Le montage est à vomir, démodé, zooms grossiers et effets ridicules, répétitions assommantes et mises au point plus très au point. Si l'exercice était beau, sa réalisation, elle, est hideuse. 
Le spectateur étouffe, le film est lourd et s'enfonce toujours plus dans la redondance. Le film de la pièce dans la pièce dans le film, Resnais pris au piège entre ses deux grands amours: le théâtre et le cinéma. Mais ils sont deux monstres trop sacrés, trop complexes pour les mêler, il faut être fin orfèvre ou jeune génie et Resnais se fait vieux, aux doigts maladroits. Alors qu'il rende au théâtre ce qui appartient au théâtre: ses comédiens.

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