J’entre dans un étrange magasin…
On l’appelle Le Cinéma. Sur la
devanture, on peut lire : Divertissements, arts et essais. Drôle d’endroit, peut-être y trouverais-je quelque
chose à me mettre sous la dent… Dedans, on y trouve des produits de qualité
supérieure, des mélanges étranges ou inattendus, et entre autres, bien sûr, des
navets.
Une voix résonne dans le grand
hall du Cinéma. « Le petit Jaden Smith est attendu par son papa au rayon
médiocrité… ». A ce rayon, j’y ai vu de mauvais effets spéciaux, des monstres
mal finis. Ils grognaient tout près des piles de scénarios bâclés. Je jette mon
œil au sommet de l’une d’elles et, sur la première page, je lis : After
Earth. Soudain, un acteur se rue sur le
minuscule papier et, vaillant, le brandit avec fierté. Un jeune garçon le
rejoint, mini-moi de l’acteur, ce doit être Jaden !
Dans leur caddie, ils accumulent
des manuels de scientologie, de la psychologie en carton, des costumes qui
changent de couleur, ils se précipitent et oublient le plus important : un
peu de rythme, un réalisateur, quelques doses de suspense, un casting, une
couverture de survie et une trousse à pharmacie.
Quelques mois plus tard, en tête
de gondole, parmi les nouveautés, j’ai pris –curieuse- un After Earth à
consommer sur place. Je suis avec un ami, nous nous installons. À nos premières
bouchées, nous étions déjà écoeurés. Morale gluante (la peur est néfaste),
relation père-fils à vomir (tu aurais dû mourir à la place de ta sœur, gamin), esthétique en plastique, jeu d’acteur pathétique,
tout est en toc ! Un paquet de céréale sans le jouet, un kinder sans la
surprise, trois œufs cassés dans la boîte de six. Ce qu’on appelle une arnaque.
On dit qu’il fut un temps où au Cinéma, chaque semaine, le réapprovisionnement était plus
pauvre, mais où chaque produit avait un goût de vrai, le goût inimitable du
travail bien fait.
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