Lorsque l’on est auteur, que l’on
a l’extrême chance, l’opportunité rare d’être édité (en BD comme en
littérature), que l’œuvre que l’on produit soit de qualité ou non, qu’elle
touche son lecteur ou qu’il passe à côté, le moindre des efforts est de la
corriger. Lorsque l’on est éditeur, comment laisser passer des bulles mal
conjuguées ? C’est pourtant l’erreur commise dans le Polina de Bastien Vivès,
grand prix de la critique BD 2012. L’auteur devrait faire un tour du côté de
chez Pivot avant de nous imposer la lecture affligeante de phrases telles que
« Qui c’est qui va passé son 10 ? ».
Au-delà du pinaillage, reste la
lecture. Polina est une sorte de biographie fictive, plus centrée sur la vie
d’une jeune danseuse que sur la danse en elle-même et trop avare de scènes
gracieuses. Vivès sait pourtant saisir le mouvement, le capturer dans des
cases, faire tourner ses petites ballerines dans une boîte sans musique.
Encore, encore une attitude, encore une pirouette, encore… On en voudrait
encore de ces portés sensuels ! Mais Vivès tranche les duos comme le
temps, nous gave d’ellipses mal assumées, se perd dans un contretemps. La danse
est affaire de rythme, mais Polina n’est pas à propos de danse, il est à propos
de vie, d’une vie mal rythmée, d’une vie dont on se fout un peu, finalement.
Ce livre manque d’âme, il manque
de beauté. Les personnages –dessins tristes, sans détails- ont le regard
vide; l’émotion est diluée dans l’encre noire.
Une BD inachevée.
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