Non,
Holy motors n’est pas un film intello mais poétique, n’est pas un film ennuyeux
mais nostalgique, n’est pas hermétique mais réfléchi. Carax, l’enfant maudit du
cinéma, n’aura pas eu de palme (les récompenses vont à l’habitude plus qu’à
l’audace) avec sa déambulation parisienne, mais s’attire aujourd’hui les
critiques les plus brillantes de l’ensemble de la presse, de la plus légère à
la plus chichiteuse, de la plus populaire à la plus élitiste.
Holy
Motors est l’œuvre d’un génie, l’œuvre d’un fou, fou de cinéma, d’un incroyable
écrivain visuel et d’un metteur en scène remarquable. Denis Lavant,
incontournable premier rôle, se multiplie en plus d’une dizaine de personnages,
avec une passion du jeu unique et des partenaires surprenants.
Poétique,
Holy Motors l’est dans son grand ensemble, dans l’enfantin du déguisement, du
jouer à être un autre, dans le langage imaginaire de M. Merde, dans la beauté
de chaque chapitre, dans les silences et les regards.
Nostalgique,
Holy Motors l’est par son message, que ce soit dans un dialogue entre Michel
Piccoli et Denis Lavant dans le confinement de la loge-limousine, ou dans la fin
étonnante, qui en serait presque risible si ce dialogue entre motorisés n’avait
pas touché en plein cœur la triste évolution du cinéma.
Réfléchi,
Holy Motors l’est en métaphores et humour cynique, délicats à saisir, mais
délicieux quand on les tient.
Carax
revient en beauté, dans un film à l’image des précédents : complexe,
sensible, magistral.
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