Comme
il fait bon de cogner sur nos déceptions...
Pourtant,
on n'est jamais déçu quand on s'attend à rien, quand on ne
s'attend pas à être surpris à nouveau par la découverte d'un
style, d'une atmosphère, quand on ne s'attend pas à l'excellence
encore, toujours. La première saison de True Detective relevait du
grandiose, dans l'univers séristique en plein boom, dans l'océan
brillant des nouvelles séries. La première saison portait en elle
un petit plus qu'on pourrait appeler cinéma. Acteurs sans fautes,
dialogues écrits d'une plume cynique et lucide, image simple mais
splendide, plans-séquence à vous rendre fou. Voilà pourquoi la
première saison nous a explosé au visage sans qu'on s'y attende,
sans qu'on porte en elle mille espoirs démesurés. La deuxième
pouvait donc difficilement faire mieux tant on touchait déjà le
haut du panier, les étoiles, la Lune, bref, la perfection.
Changement
de décor, la Louisiane poisseuse laisse place à la froideur
industrielle de la Californie. Autres vices, autres perversions,
autres maladies humaines gangrenant la ville. AUTRE. Entendez bien
les gars, c'est comme une autre série, mais écrite par la même
main et filmée par le même œil. Alors non, on ne tourne pas dans
l'humidité du Bayou comme sur les larges routes de Vinci et on
change d'enquête parce que CE N'EST PAS UNE SUITE. Je comprends
qu'on n'accroche pas à l'intrigue un peu alambiquée, un peu trop
bordélique, ou au jeu de Kelly Riley (détestable), mais cette
saison 2 est loin d'être l'échec annoncé par une presse
pointilleuse.
Peut-être
est-ce la noirceur du point de vue, le pessimisme ambiant qui a terni
l'avis des critiques, mais oh ! comme ils sont jouissifs, les
dialogues plus tranchants qu'une punchline d'Orelsan ; comme
elles serrent le cœur, les embuscades meurtrières ; comme il
prend aux tripes, le jeu plein d'ampleur – enfin – de Rachel Mc
Adams. Et tous les liens familiaux tordus, de chacun des personnages,
qu'il soit fils ou presque père, sœur ou mère, trop de liens
tordus, brisés, trop de relations qu'un autre a salies, que la
société a pourries, que l'amour a meurtries.
Cette
saison est moins bien que la première, plus dure, plus complexe,
plus tragique, elle est drôle, assassine, éprouvante. Elle est
tout, tout ça, mais tout sauf un échec.
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