Kechiche
s’attarde sur la vie, sur le réel, s’attarde en gros plan sur les peaux salies
d’adolescence. Il s’attache à la bouche gloutonne d’Adèle, trempée de larmes,
de morve, de fatigue, fouettée d’orangé, barbouillée de tomate, dévorant un
Balisto, un cul, ou les lèvres d’Emma (Léa Seydoux). On filme les corps qui se
cherchent, qui se frappent, les mains se baladent dans les creux, sur les
rondeurs, les langues se délient –en cascade. Les jambes s’attirent et
s’entremêlent, tête-bêche, ça ondule au rythme de cris étouffés, ça se lèche
sous une pluie de francs gémissements, ça se teste et soupire. La chorégraphie
pornographique est belle, pure, elle n’en finit jamais et comme un voyeur
excité, on les accompagne jusqu’à l’orgasme. Comme une obsession, le
réalisateur revient sans cesse coucher sa caméra sur les lèvres ouvertes
d’Adèle, sur son visage d’enfant, son regard un peu vide, sa vulgaire
sensualité. La vie d’Adèle s’étend, dure, comme pour ne jamais lâcher ses deux
poupées, son héroïne impressionnante et ce bleu hypnotisant, cette couleur
chaude frappant au cœur.
Mais
Kechiche en donne trop, les scènes s’allongent, s’offrant à une coupe qui ne
vient jamais, ouvrant la voie à quelques fausses notes. Le film reste aussi
l’histoire banale d’un amour qui donne tout trop vite et cause sa perte,
l’histoire un peu grinçante de deux jeunes filles qui se font prendre au jeu du
coup de cœur pour ensuite découvrir la réalité. C’est l’histoire trop longue,
trop, trop longue de la découverte d’une sexualité.
Dégoulinant.
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