The Great Gatsby s’inscrit dans
un cinéma sinusoïdal, alternant descentes aux enfers et beautés aériennes. Des
voiles dansent au vent, une main pâle s’élève, les fenêtres se ferment et le
soufflé retombe.
Pluie de paillettes, remue-ménage
sur du Jay-Z, anachronismes délicieux ; cette histoire d’amour impossible
n’est que plus atemporelle, universelle, traversée par cette BO où le jazz
embrasse le R’n’b, où le hip-hop pénètre un charleston. Ces cœurs battant en
rythme sont les mêmes à chaque époque. Ces parties mondaines où l’abondance
déguise le vide traversent les décennies. Ces amours impossibles pleureront
toujours sur des mélodies mélancoliques.
Belle réussite donc que cette
partition, tachée pourtant de fausse notes visuelles : les acteurs mal
incrustés se croisent dans des décors factices, dans des jardins de plastique.
La réalisation s’embrase jusqu’à brûler les yeux, parfois. Jusqu’à éroder le
bon goût en gros plan. L’abus des textes en surimpression sont à l’image de
Tobey McGuire : un choix malheureux.
McGuire qui joue l’entremetteur
nigaud, l’écrivain refoulé perdu dans une fascination pour le mystérieux
Gatsby. Il narre le récit de sa plongée dans le bling-bling via une
consultation médicale superflue, alourdissant le film d’une voix off et de
ringardise.
En revanche, Luhrmann réveille
les deux autres acteurs, qui s’éteignaient dans un jeu trop régulier, sans
surprise, nous poussant à la limite de l’agacement. Ici, Di Caprio retrouve
enfin son sourire charmeur, perdu sur la route de Scorsese et, libéré de ces
rôles amers redondants, il brille à nouveau. Mulligan à son bras, pour une
fois, ne ternit pas le tableau. Elle est fraîche et cruelle, triste et riche,
si riche.
Succès en demi-teinte pour ce
magnifique Gatsby, où l’excès pousserait presque à l’indigestion.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire