Samantha a pris corps. J’ai vu la bouche pleine de
Scarlett Johanson dans l’éclat de son rire rocailleux ; j’ai vu ses
hanches rondes, ses courbes incitantes, dans un triolisme sensoriel. Sa voix
est tant incarnée qu’elle prend forme dans notre esprit, elle est là, allongée
aux côtés de Théodore, embarquée avec lui dans un tourbillon ivre. Elle est là
comme une femme qui ne serait pas un système d’exploitation, dans un couple aux
préoccupations universelles.
Her est une version esthétique
et brillamment rédigée d’un 500 jours ensemble croisé avec du P. T. Andersen,
une sorte de sublime romance glacée par le désenchantement du réel. Her est une
redite avec plus de panache et de retenue, de la tendance humaine à communiquer
par procuration.
Loin du futur froid et mécanique
des films de SF, le réalisateur crée un univers rétro, un avenir obsédé par le
passé, où la mode est aux pantalons taille haute et aux lettres manuscrites.
Deux êtres tellement
« nous », Rooney Mara et Joachim Phoenix, deux êtres tellement
envisageables, Theodore et Samantha, Her est plus un film sur eux que sur elle,
plus un film sur le couple qu’une critique de l’individualisme technologique.
Her est intelligent, drôle, triste, beau dans sa laideur, sous sa moustache…
Vous pensez à du réchauffé, à du déjà-vu, mais c’est troublant d’originalité.
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