Dans
les années 60, Stanley Milgram proposait une expérience psychologique sur
l’obéissance à l’autorité. Plus récemment, le documentaire « Le jeu de la
mort » reproduit l’expérience de Milgram dans un contexte de jeu télévisé.
Dans les deux cas, des résultats inquiétants apparaissent. Sous les ordres et
la responsabilité de la hiérarchie, nous devenons les dociles exécuteurs
d’actions insensées et violentes.
Compliance,
c’est une expérience de Milgram IRL. Un prétendu lieutenant téléphone à la
gérante d’un fast-food afin de régler une histoire de vol, mêlant l’une des
jeunes employées. Mais le lieutenant, qui n’en est pas un, va se régaler de son
éphémère autorité et en profite alors pour mettre en scène des situations
démentes et malsaines.
Le
film en quasi-temps réel jouit d’un rythme efficace, d’une belle esthétique et
d’un scénario labellisé « faits réels » absolument fascinant.
L’ensemble de sa réussite tient à cet enfermement d’acteurs plus vrais que
nature dans un huis clos graisseux, à cette manipulation des esprits par la
flatterie, par la menace et à cette voix perverse qui ne quitte pas le combiné
des premières aux dernières minutes du film.
Ce
qui est intéressant avec Compliance, c’est qu’il nous met face à notre propre
morale. On se dit que cette histoire est impossible, qu’il faut être
immensément con pour se faire avoir par ce canular et obéir ainsi à une simple
voix. Oui, mais. Ces employés sont des individus normaux, comme ceux qui
participaient à l’expérience de Milgram ou au Jeu de la mort, normaux, comme
vous, comme moi. Ils sont simplement victimes de leur état d’obéissance.
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