J’écrirai la critique d’On the
road lorsque j’aurais enfin lu cet énigmatique roman, celui qui, aujourd’hui
comme autrefois, fait couler beaucoup d’encre et densifie les flots de parole.
J’écrirai la critique De rouille et d’os lorsque j’aurais lu les nouvelles,
parce qu’une adaptation cinématographique
n’est bonne que si elle renouvelle.
Comme Tom Ford a fait d’A Single
Man un chef d’œuvre esthétique, une sublime et fragile peinture d’un homme au
bord de sa vie, j’attends d’Audiard et de Salles la même audace, le même
engagement, le même désir de création. J’ai vu les deux films, les deux m’ont
plu avec une certaine retenue, celle d’une apparente facilité cinématographique
(« Sing your own songs ! »), celle de traiter une histoire déjà vue (de
rouille et d’os fait largement écho à la rencontre impitoyable du handicap
physique avec le handicap social, déjà traitée avec un humour décapant dans
Intouchables).
J’écrirais la critique de
Cosmopolis aussi. Mais avant je dévore les dernières pages de la Chambre
Obscure de Nabokov, où l’esquisse d’une certaine Lolita pointe le bout du nez.
Là elle est Magda, jeune fille à la fois insouciante et manipulatrice, capable
de la plus grande bêtise comme d’une malice perverse. Elle détruit pièce par
pièce la vie trop bien rangée d’un homme sans courage, rêvant d’un peu de
désordre grisant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire