Ils
sont affamés par la vie, gourmands d'énergie. Ils avalent dans
leurs bras géants, engloutissent dans leurs cœurs immenses des
cuillères démesurées de folie. Des ogres fous. Des ogres tendres
et pathétiques, inadaptés, se cachant hors des limites. Des clowns
tristes qui en font tout un cirque, ils accumulent les ratés, les
déboires, boivent, reboivent et puis reboivent encore. Quand ça
devient sérieux, il y en a toujours un pour balancer de la semoule
ou une blague grasse, grave. Ces ogres impertinents nous racontent une
histoire tragique de famille, au son de l'accordéon. Les acteurs
crèvent l'écran, ils font du cinéma vivant, ils sortent tranquille
de la toile sans demander la permission et foutent le bordel dans la
salle : des larmes sur vos joues que tranchent des éclats de
rire, ils s'assoient sur vos genoux, écartent vos jambes pour vous
exciter, font chanter vos sourires, vous murmurent à l'oreille
qu'ils vous aiment et que vous êtes quelqu'un.
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